Les Cahiers de muséologie Les Cahiers de muséologie -  Hors-série n° 1  Conférences 

Attirer le grand public dans les musées universitaires. L’expérience turinoise

Giacomo Giacobini
Giacomo Giacobini est professeur émérite d'anatomie humaine à l’Université de Turin et membre de l'Académie des sciences et de l'Académie de médecine de Turin. Il est directeur du Musée d'anatomie humaine et a été président du Système muséal de l'Université. Il a coordonné le projet de restauration du Musée d'anatomie ainsi que celui du Musée Lombroso d'anthropologie criminelle. Il a été président de l'Associazione Nazionale Musei Scientifici et de l'Association italienne d'archéozoologie. Il est membre du conseil scientifique de l'Institut de paléontologie humaine de Paris et membre correspondant du comité des travaux historiques et scientifiques (section de pré- et protohistoire). Il a été membre du conseil du Musée de l'Homme. Son activité de recherche concerne l'étude de restes humains néandertaliens et de sépultures du paléolithique supérieur mais aussi des sujets de muséologie, en particulier l'histoire des collections.
Cristina Cilli
Giancarla Malerba

Résumé

Les musées universitaires ont été créés par des savants et pour des savants. Ils sont donc souvent élitistes et souffrent de sérieuses carences en termes de communication. Ceci se reflète par un manque d’intérêt du grand public. Mais, dans de nombreux cas, ces musées sont également des lieux de mémoire d’une école scientifique ancienne, parfois prestigieuse, et sont à même de se transformer de « musée savant » en « musée communicant ». Ces musées peuvent raconter l’histoire des collections, parler de découvertes scientifiques et évoquer des histoires liées aux activités de personnalités qui ont parfois joué un rôle dans des événements non scientifiques. La visite d’un de ces musées peut donc mettre en évidence certains aspects qui, bien au-delà de l’importance scientifique des objets exposés, soulignent son prestige historique et parfois architectural et artistique. À Turin, trois de ces musées (Musée d’Anatomie, Musée des Fruits et Musée d’Anthropologie criminelle « Cesare Lombroso ») ont fait l’objet d’opérations de rénovation et ont été ouverts au public entre 2007 et 2009, créant ainsi un nouveau pôle muséal turinois. Outre les opérations de restauration des collections, des vitrines et des locaux, une attention spéciale a été accordée à l'étude des stratégies de réinterprétation du musée, pour sa transformation en « musée communicant » tout en sauvegardant le charme et l'intérêt d'une mise en scène scientifique et savante du XIXe siècle. Les trois musées, actuellement ouverts au public, occupent environ 1.400 m2 avec leurs salles d’exposition. Ouverts du lundi au samedi de 10h à 18h (en moyenne, 312 jours d’ouverture/an), ils accueillent quotidiennement en moyenne 190 visiteurs. Ces musées sont principalement visités par le grand public tandis que le public universitaire (chercheurs, étudiants) paraît faiblement intéressé. Le public scolaire représente environ 25 % de la fréquentation. Des activités annexes (conférences, pièces de théâtre, présentations de livres...) ont contribué à attirer le « non-public » comme c’est le cas lors des « Nuits des Musées » et des « Nuits des Chercheurs » qui rassemblent chaque année pas moins de mille personnes par édition.

Mots-clés : musées universitaires, public, communication muséale, Turin

Abstract

University museums were created by and for scientists. They are therefore often elitist and suffer from serious communication deficiencies. This is reflected in a lack of interest from the general public. But in many cases, these museums are places of memory of an old, sometimes prestigious science school, and are able to transform themselves from a « scholarly museum » into a « communicating museum »: they can tell the history of collections, talk about scientific discoveries and tell stories related to the activities of personalities who have sometimes played a role in non-scientific events. Visiting one of these museums can therefore highlight certain aspects which, well beyond the scientific importance of the objects on display, highlight its historical and sometimes architectural and artistic prestige. In Turin, three of these museums (Museum of Anatomy, Museum of Fruits and Museum of Criminal Anthropology « Cesare Lombroso ») were renovated and opened to the public between 2007 and 2009, thus creating a new Turin museum center. In addition to the restoration of the collections, showcases and premises, special attention had to be paid to the study of the museum's reinterpretation strategies, for its transformation into a museum that communicates while preserving the charm and interest of a 19th century scientific and scholarly staging. The three museums, currently open to the public, cover about 1.400 m2 with their exhibition rooms. They are regularly open from Monday to Saturday from 10 am to 6 pm (on average, 312 opening days/year). They welcome an average of 190 visitors per day. The vast majority of these visitors are represented by the general public. The academic public (researchers, students) seems to have little interest. The school population represents about 25 % of the total. Additional activities (conferences, plays, book presentations, etc.) have helped to attract the « non-public », such as the « Nights of the Museums » and the « Nights of the Researchers », which bring no less than a thousand people every year each evening.

Keywords : university museums, public, museum communication, Turin

1« Pourquoi le public ne se rend-il pas au musée universitaire ? ». C’était la première question d’une série posée par le document annonçant le colloque « Les musées universitaires & leurs publics » qui s’est déroulé à Liège du 5 au 7 novembre 2019 et dont ce volume présente les actes. D’autres questions étaient étroitement en lien avec les problématiques suivantes : « Quels modes de communication pour le public des musées universitaires ? », « Quelle expographie pour le musée universitaire ? ».

2Nous nous sommes posé les mêmes questions en nous engageant dans le projet de rénovation de certains musées de l’Université de Turin. L’expérience acquise et les résultats obtenus peuvent donner quelques pistes de réflexion.

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1. De « musée savant » à « musée communicant »

4À Turin, l’histoire des musées universitaires ne diffère pas de celle d’institutions similaires qui ont été confrontées aux mêmes problèmes lors de leur rénovation en vue d’une présentation au public. Les musées universitaires ont été créés par des savants et pour des savants, afin de conserver les produits de leurs recherches ainsi que des objets à fonction didactique — donc, dans la plupart des cas, échantillons, préparations, modèles et instruments — qui se sont accumulés parfois pendant plusieurs siècles. Lieux de mémoire d’écoles scientifiques souvent anciennes et prestigieuses, plusieurs de ces musées perdirent au début du XXe siècle leur intérêt en devenant des institutions obsolètes, à la suite de l’évolution de leurs sujets de recherche et, parfois aussi, de l’enseignement. Figés dans leurs collections qui n’étaient plus enrichies par la recherche, et devenus presque inutiles pour des fonctions didactiques, plusieurs de ces musées sombrèrent progressivement dans l’oubli. En plus, certains d’entre eux subirent des déplacements, ce qui entraina souvent la perte, voire la destruction d’objets ou même de collections entières. Parfois, cela se conclut par l’exposition — ou, dans certains cas, le stockage — dans des locaux inappropriés.

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6Le regain d’intérêt qui s’est développé au cours des dernières décennies pour les musées universitaires a incité plusieurs d’entre eux à mettre en place des projets de rénovation et d’ouverture au public, les transformant souvent de « musées savants » en « musées communicants ». On a pris conscience de la fonction des musées universitaires comme acteurs de diffusion de connaissances scientifiques et historico-scientifiques, ainsi que comme garants de la conservation et de la valorisation d’un patrimoine culturel. En Italie, au cours des dernières années, les universités ont découvert et souligné l’importance de leur « troisième mission » de service à la société, ce qui a mis en évidence le rôle des musées1. Cela s’est accompagné de la mise en place de systèmes muséaux dans la plupart des universités italiennes.

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2. Le Système muséal de l’Université de Turin

8Le Système muséal de l’Université de Turin (Sistema Museale di Ateneo) fut constitué en 2014 pour réunir les musées gérés directement par l’Université. Depuis 1980, plusieurs collections universitaires (Musées de Zoologie et d’Anatomie comparée, de Géologie et de Paléontologie, et de Minéralogie), tout en restant la propriété de l’Université, avaient été réunies dans le Museo Regionale di Scienze Naturali (Musée régional de Sciences naturelles) géré par la Région du Piémont (Fasolo 2008).

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10Le Système muséal de l’Université réunit donc actuellement les musées d’Anatomie humaine « Luigi Rolando », d’Anthropologie criminelle (plus connu sous le nom de « Musée Lombroso »), d’Anthropologie et d’Ethnographie, et, en plus, les Archives scientifiques et technologiques ainsi que leurs collections d’instruments anciens. Des informations sur les divers musées du Système muséal se trouvent sur le site web https://sma.unito.it/.

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3. Le Palais des Instituts anatomiques

12Les musées du Système muséal de l’Université (à l’exception des Archives scientifiques et technologiques2) sont actuellement réunis dans le Palais des Instituts anatomiques, inauguré en 1898. Ce dernier est le siège d’un nouveau pôle muséal turinois ouvert au public depuis 2007. Il est un exemple d’architecture scientifique aux traits éclectiques et néo-renaissance qui soulignent l’importance attribuée à la science à Turin, une ville très positiviste à la fin du XIXe siècle. Ce bâtiment ancien, se prêtant de moins en moins au développement de laboratoires de recherche modernes, est aujourd’hui utilisé surtout pour des activités d’enseignement et des expositions : le Musée d’Anatomie et le Musée Lombroso sont ouverts au public et le musée d’Anthropologie et d’Ethnographie est en cours de réalisation. Le bâtiment accueille également le Musée des Fruits3 qui, bien qu’il s’agisse d’un musée communal, présente certaines caractéristiques d’un musée universitaire (cependant, il ne fera pas ici l’objet d’une description ni d’une discussion). La possibilité de disposer du Palais des Instituts anatomiques apparut immédiatement idéale pour le développement du pôle muséal, non seulement parce que son architecture scientifique était parfaitement cohérente avec le projet muséal, mais aussi parce qu’un des musées faisant partie du projet — celui d’Anatomie humaine — y était déjà installé, dans des locaux monumentaux spécialement conçus pour lui, et que son déplacement dans un autre bâtiment aurait été une « faute culturelle ».

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14L’intérêt du bâtiment du point de vue du patrimoine culturel ne se limite pas aux surfaces destinées à une fonction muséale. Il préserve la mémoire du lieu : les salles de cours, la salle de dissection, la bibliothèque, le mobilier de l’époque, les escaliers monumentaux, des bustes d’anciens anatomistes et d’autres œuvres d’art.

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16Dans le bâtiment, les salles d’exposition des quatre musées occupent actuellement environ 2.000 m2, plus environ 1.000 m2 pour les réserves (dont une climatisée) et une salle de 30 m2 pour un atelier didactique.

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4. Un Musée de l’Homme à Turin

18Le projet d’un Musée de l’Homme (Museo dell’Uomo), dont le Musée d’Anatomie, le Musée Lombroso et le Musée d’Anthropologie et d’Ethnographie feraient partie4, est né à Turin en 1989 et s’est concrétisé en 2001 grâce à un accord signé par l’Université de Turin et la Région du Piémont (Département de la Culture), auquel s’associa ensuite la Ville de Turin. Le but du projet est de réunir dans un même bâtiment, le Palais des Instituts anatomiques et, dans un projet culturel commun, les collections universitaires liées aux Sciences de l’Homme, en créant également des espaces pour des expositions temporaires (Giacobini et al. 2008A). En 2003, des travaux visant à la restauration des locaux destinés aux fonctions muséales commencèrent dans le Palais, grâce à un financement ministériel et à des contributions de la Région du Piémont et de la Ville de Turin. En même temps, se poursuivirent les travaux de restauration des collections et des vitrines et furent amorcés des groupes de travail pour le renouvellement des musées. Le Musée d’Anatomie et le Musée des Fruits furent ouverts au public en février 2007 et le Musée Lombroso en novembre 2009, donnant ainsi vie à un nouveau pôle muséal turinois.

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5. Visiteurs

20Les musées du Palais des Instituts anatomiques sont ouverts au public tous les jours sauf le dimanche, de 10 à 18 heures. En 2019, le pôle muséal a accueilli 56.737 visiteurs, donc en moyenne 186 visiteurs/jour (sur 305 jours d’ouverture). Depuis 2007, il a accueilli 578.223 visiteurs, dont 26,7 % de public scolaire. Les données de 2019 confirment que le musée le plus visité est le Musée Lombroso (26.380 visiteurs), suivi par le Musée d’Anatomie (17.638 visiteurs) et par celui des Fruits (12.719 visiteurs) (fig. 1).

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Figure 1 – Les visiteurs du pôle muséal de l’Université de Turin en 2019. En haut à gauche, une maquette du Palais des Instituts anatomiques qui abrite les musées.

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23Les ouvertures nocturnes extraordinaires (Nuit des Musées, Nuit des Chercheurs) attirent toujours un public nombreux, au moins un millier de personnes (4.320 pendant la Nuit des Musées de 2014).

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6. Le Musée d’Anatomie

25Le Musée d’Anatomie « Luigi Rolando » est un musée universitaire typique qui conserve les produits de l’Anatomie traditionnelle — préparations et modèles — qui se sont accumulés pendant presque 300 ans (Giacobini et al. 2003 ; Abbot 2008). Il fut créé en 1739 dans le Palais du Rectorat de l’Université et subit par la suite plusieurs déplacements, le dernier en 1898 dans le bâtiment où il se trouve actuellement. Comme beaucoup de musées universitaires au cours du XXsiècle, il perdit tout intérêt en devenant une institution obsolète. Il fut fermé et relégué, en définitive « heureusement », aux oubliettes. Il est aujourd’hui l’un des rares exemples de musée scientifique du XIXsiècle qui nous soit parvenu presque inaltéré et il convient de souligner que les musées qui ont conservé ces caractéristiques sont désormais rares en Europe. La présence d’autres vastes locaux dans le même bâtiment lui permit de résister miraculeusement à la pression de l’institution qui, notamment dans les années 70 et 80 du siècle dernier, avait besoin d’aménager de nouveaux laboratoires et de nouvelles salles de cours. Il traversa le XXe siècle comme cristallisé pour faire finalement l’objet, au début du XXIe, d’un projet de restauration avec une réflexion sur ses potentialités de communication vers le grand public (Giacobini et al. 2008B).

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27Les deux salles dans lesquelles les collections sont exposées dans les vitrines d’époque — spécialement conçues pour les abriter — sont caractérisées par une architecture monumentale avec des voûtes d’arêtes, des séries de colonnes en granit blanc et des planchers « à la vénitienne ». Dans la salle principale, les colonnes divisent l’espace en trois nefs, évoquant l’atmosphère d’une église, une sorte de « cathédrale de la science » (fig. 2). En haut des murs, les lunettes sont décorées — huiles sur toile — avec les portraits de personnages importants pour l’histoire de l’anatomie et de disciplines connexes.

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Figure 2 – Musée d’Anatomie humaine, Université de Turin. Première salle. Photo : Roberto Goffi.

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30Le parcours d’exposition mélange les sciences, l’histoire et l’art. Les collections principales sont composées d’une série de plus de 200 modèles en cire (fig. 3), réalisés entre la seconde moitié du XVIIIe et le milieu du XIXe siècle (Giacobini 1997), de modèles en d’autres matériaux (bois, plâtre, papier mâché5), de préparations anatomiques originales conservées à sec et dans du liquide et d’instruments anciens. La seconde salle du musée est consacrée au système nerveux, qui est le sujet principal de recherche de l’école anatomique turinoise depuis la fin du XVIIIsiècle. Le personnage le plus célèbre de cette école est Luigi Rolando (1773-1831) à qui le musée est dédié (Giacobini et al. sous presse). Le Musée contient également un fonds de documents et de photographies ainsi qu’une bibliothèque historique.

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Figure 3 – Musée d’Anatomie humaine de l’Université de Turin. À gauche, Francesco Calenzuoli, modèle anatomique en cire, Florence, vers 1830. À droite, Louis-Jérome Auzoux, modèle anatomique en papier mâché démontable en 129 parties, Paris, 1830. Photos : Roberto Goffi.

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7. Le Musée Lombroso

33Le Musée d’Anthropologie criminelle, créé par Cesare Lombroso (1835-1909) (Montaldo & Cilli 2015), expose des collections rassemblées par Cesare Lombroso lui-même et par ses collaborateurs ou qui lui ont été envoyées par des collègues. Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, les collections furent transférées dans des locaux inadaptés à une ouverture au public. Plus tard, elles firent l’objet d’un projet de transfert et de rénovation qui conduisit l’ouverture du musée Lombroso en 2009 (Abbot 2010).

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35La mission du musée consiste non seulement à conserver et exposer ces collections, mais aussi à diffuser des connaissances sur Lombroso et, avec un regard critique, sur son histoire, ses idées et ses intérêts scientifiques. Le musée a aussi une fonction d’éducation (Giacobini et al. 2015B). Il invite le visiteur à réfléchir aux questions que Lombroso s’est posées et qui n’ont toujours pas de réponses univoques dans nos pays à l’heure actuelle : « Quelles sont les causes de la criminalité et de la folie ? Sont-elles d’ordre génétique ou environnemental ? Qu’est-ce que la normalité ? » En outre, il interroge aussi la question des femmes et la question raciale. Il invite également à la réflexion sur le fait qu’une certitude scientifique n’existe pas. La théorie de l’atavisme criminel, créée par Lombroso (1876), se prête très bien pour le démontrer. Suivant cette théorie, le comportement du criminel (et de certains fous) serait lié à des caractéristiques anatomiques primitives. Il s’agirait donc d’un retour vers une condition ancestrale plus agressive. Cette théorie, qui fut largement acceptée par la communauté scientifique, fut ensuite contestée grâce à la méthode scientifique qui met constamment en discussion ses assertions. L’histoire de la théorie de l’atavisme montre bien que la construction de la connaissance scientifique est un processus qui progresse grâce à la démonstration non pas tant de la vérité que de la « falsifiabilité » des données et des théories qui ne résistent pas à la critique. 

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Figure 4 – Exemples d’œuvres d’art brut. À gauche, meuble secrétaire fabriqué en 1892 par Eugenio Lenzi, interné dans l’hôpital psychiatrique de Lucca, réalisé en utilisant du bois de récupération et des instruments de fortune. Musée Lombroso, Université de Turin. Photo : Roberto Goffi. À droite, sculpture « Le Nouveau Monde », réalisée au début du XXe siècle par Francesco Toris, interné dans l’hôpital psychiatrique de Collegno (Turin) en utilisant des os récupérés dans la cuisine. Musée d’Anthropologie et Ethnographie, Université de Turin. Photo : Paolo Giagheddu.

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38Dans ce musée, qui, par ses caractéristiques, est unique au monde, le squelette du professeur Lombroso, légué par testament, accueille les visiteurs. Les collections principales ont été rassemblées au cours de la seconde moitié du XIXe siècle et au tout début du XXe siècle et sont représentées par des corps du délit (souvent associés à des informations historiques), des dessins, des photographies, des préparations anatomiques, des moulages, des exemples d’activités créatrices réalisées par des détenus et des malades mentaux. Parmi ces œuvres, il y a de simples objets artisanaux, mais également des exemples remarquables d’art brut (fig. 4) qui font souvent l’objet de demandes de prêt pour des expositions temporaires. Un projet qui prévoit la réunion de cette collection avec celle du même genre conservée dans le Musée d’Anthropologie et Ethnographie (fig. 4) est en cours d’élaboration. On pourra ainsi présenter au public un ensemble remarquable d’œuvres d’art brut réalisées entre la fin du XIXe siècle et les années 30 du XXe siècle.

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40Le couloir de sortie du musée résume les principaux sujets abordés par Lombroso et met en évidence, plus d’un siècle après sa mort, les développements dans le domaine scientifique et criminologique qui ont été stimulés par ses multiples intérêts.

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42Des archives historiques, continuellement consultées par des spécialistes, sont associées au musée. Elles contiennent des documents, des dessins, des photographies. Pour des raisons de conservation, celles qui sont exposées dans le musée sont toujours des copies6, mais les originaux, gardés dans les archives, peuvent être consultés sur demande.

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8. La communication muséale

8.1. Musée d’Anatomie

44Le projet de rénovation du Musée d’Anatomie et du Musée Lombroso a suivi des stratégies en partie différentes. Dans le cas du Musée d’Anatomie, l’intérêt principal, à notre avis, résidait dans le fait que, tout de suite après son transfert dans le bâtiment en 1898, il a été fermé et, qu’au cours du siècle suivant, il n’a subi que des modifications négligeables. Il s’était donc « cristallisé » et pouvait offrir au public la rare occasion de visiter un musée universitaire du XIXe siècle resté presque intact. De plus, les locaux dans lesquels les collections ont été exposées ont été conçus pour accueillir le musée. Leur architecture monumentale souligne l’importance attribuée à cette discipline dans la formation médicale de base de l’Université et, de manière plus générale, à la science dans la société de l’époque, ainsi que le prestige de l’école anatomique turinoise.

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46La visite du musée met en évidence des aspects qui vont au-delà de l’importance scientifique des collections exposées et qui soulignent son prestige historique, architectural et artistique. Il a été décidé que dans ce musée, où le temps s’était arrêté, il était prioritaire de conserver et de mettre en valeur l’atmosphère de l’époque avec ses vitrines et sa muséographie d’antan, même si cela posait des problèmes en termes de communication : vitrines encombrées d’objets, collections répétitives, absence de textes explicatifs et de lumière dans les vitrines. Mais cette muséographie d’autrefois est désormais — vu sa rareté — devenue elle aussi un patrimoine culturel. Pour éviter cependant que le musée reste muet, il a fallu le transformer en « musée communicant » sans interférer avec l’atmosphère de l’époque. Cela a été fait de diverses façons :

  • Avec une plaquette (version italienne et anglaise) (fig. 5) qui est donnée à chaque visiteur et qui décrit brièvement les 22 objets les plus intéressants des collections, numérotés et identifiés sur les vitrines avec une vignette ;

  • Avec un guide (version italienne et anglaise, Giacobini et al. 2015A) qui peut être acheté ou emprunté à la billetterie ;

  • Avec des fiches bilingues (italien et anglais) (fig. 6) réalisées par le dessinateur Lorenzo Dotti, placées à côté de chacune des 63 vitrines, qui donnent des renseignements plus détaillés sur leur contenu (Cilli et al. 2016) ;

  • Avec des vidéos en italien placées le long du parcours d’exposition qui relatent des histoires d’objets, de personnages et d’événements.

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Figure 5 – Plaquette du Musée d’Anatomie humaine, Université de Turin (version anglaise).

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48Grâce à la présence des riches archives, il a été possible de reconstituer l’histoire de plusieurs objets, ainsi que des personnes qui ont travaillé dans le musée et dans le cabinet anatomique au cours des trois derniers siècles. Le musée est donc en mesure de parler au visiteur en lui racontant des histoires sur les collections et sur les personnages qui les ont créés et étudiés.

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50À la demande de visiteurs, le musée organise des visites guidées. C’est le cas en grande majorité pour le public scolaire. Des visites adaptées pour les enfants sont également organisées, accompagnées par une comptine (Nilo & Lanza 2008).

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Figure 6 – Musée d’Anatomie humaine, Université de Turin. Exemples de fiches de renseignements (version anglaise) relatives aux vitrines du modèle en papier mâché de Louis-Jérome Auzoux et de la collection de préparations à sec de cerveaux.

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8.2. Musée Lombroso

53Bien que ce musée soit d’intérêt historico-scientifique, comme celui d’Anatomie, sa rénovation a suivi des parcours différents. Il a pu être retransféré dans le bâtiment où il avait été exposé entre 1898 et 1947, mais pas dans les mêmes locaux. La muséographie d’origine n’était documentée que par quelques photos et des descriptions du début XXe siècle. Dans la salle principale, a été évoqué le musée ancien en utilisant quelques vitrines de l’époque qui étaient encore conservées et en utilisant un style d’exposition ancien (fig. 7).

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55Le musée touche à des thèmes délicats, parfois sensibles, comme la folie et la criminalité et il expose des restes humains. Le projet de rénovation s’est donc centré sur la restauration des collections, mais également sur l’importance de la communication qui a été conçue grâce à la collaboration d’un historien de la science, d’un communicateur scientifique de formation philosophique et d’un architecte-muséographe particulièrement attentif aux problèmes de communication (Giacobini et al. 2010, 2015B).

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57Malgré cela, le musée a fait l’objet depuis 2010 de critiques de la part d’un soi-disant « Comité no-Lombroso » motivé par des raisons pseudo-politiques qui revendiquait la « restitution » du crâne du brigand Giuseppe Villella (Anonyme 2013, Garlandini & Montaldo 2016) sur lequel Lombroso a observé une fossette cerebellaire anormale qu’il a interprétée comme un caractère primitif et qui est à la base de sa théorie de l’atavisme criminel. Après être passée par les trois degrés de jugement, la Cour Suprême de cassation a donné raison à l’Université de Turin en soulignant la nature patrimoniale et culturelle de ce crâne, très important pour des raisons historico-scientifiques (Cilli et al. 2019).

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Figure 7 – Musée d’Anthropologie criminelle « Cesare Lombroso », Université de Turin. Salle principale. Photo : Roberto Goffi.

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60Comme dans le cas du Musée d’Anatomie, la communication se base sur une plaquette et un guide, les deux en version italienne et anglaise (Bianucci et al. 2011). En plus, des panneaux en italien associés à des fiches en anglais sont présents dans chaque salle. Des vidéos sont proposées le long du parcours d’exposition. Au début, l’une d’elles montre un dialogue imaginaire entre deux personnages qui aurait eu lieu en 1911 à l’occasion de l’Exposition internationale de Turin, soit deux ans après la mort de Lombroso. L’un des deux personnages est plus âgé et plus sage, tandis que l’autre est plus jeune et enthousiaste par rapport aux progrès de la science et de la technologie qui ont changé la vie de nos pays entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, période durant laquelle Lombroso a exercé ses activités. Cette vidéo synthétise l’importance des acquis scientifiques et technologiques de l’époque, soulignant en même temps les limites du progrès. Une autre vidéo, dans la salle où le crâne du brigand Villella est exposé, décrit l’origine de la théorie de l’atavisme criminel et explique les raisons de l’erreur faite par Lombroso. Vers la fin du parcours, le bureau privé de Lombroso est reconstitué et, dans une dernière vidéo, dans un monologue imaginaire, Lombroso fait le bilan de sa vie scientifique, de ses succès et de ses fautes, et soulève des questions sur la nature de la folie et de la criminalité qui n’ont toujours pas trouvé de réponses aujourd’hui. Dans la salle dédiée aux produits de l’activité créatrice des détenus sont exposés une centaine de pots en céramique avec lesquels on leur donnait à boire et qu’ils ont gravés avec des messages et des dessins. Une borne interactive 3D (fig. 8) permet de les examiner tous en les faisant tourner, en agrandissant des détails et en décryptant des légendes parfois argotiques ou difficiles à lire.

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Figure 8 – Musée d’Anthropologie criminelle « Cesare Lombroso », Université de Turin. La borne interactive 3D dans la salle où sont exposés les pots en céramique gravés par des détenus. Photo : Nadia Pugliese.

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63Comme dans le cas du Musée d’Anatomie des visites guidées sont organisées, surtout pour le public scolaire. Un fort message antiraciste est diffusé au cours des visites organisées pour les enfants des écoles élémentaires auxquels on distribue une brochure intitulée « À chacun son visage. Pour une citoyenneté tolérante et ouverte à la diversité » (Lanza & Nilo 2008).

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Bibliographie

Abbot Allison, 2008 : « Hidden treasures : Turin’s Anatomy Museum », Nature, n° 455, p. 736.

 

Abbot Allison, 2010 : « Turin’s Criminology Museum », Nature, n° 463, p. 300.

 

Anonyme, 2013 : « Homes for bones. A dispute over the skull of an Italian cheese thief highlights the enduring debate over repatriation », Nature, n° 501, p. 462.

 

Bianucci Piero et al., 2011 : « Cesare Lombroso » Museum of Criminal Anthropology. Visitor’s guide, Turin, Edizioni Libreria Cortina.

 

Cilli Cristina et al., 2019 : « Al Museo Lombroso di Torino, il caso del cranio di Giuseppe Villella : un patrimonio in beni culturali, la sua vera storia, le tappe giudiziarie, le implicazioni giuridiche e museologiche », Museologia Scientifica, n° 13, p. 139-150.

 

Cilli Cristina, Malerba Giancarla & Giacobini Giacomo, 2016 : « Dal libro dei visitatori alle schede di approfondimento del Museo di Anatomia umana di Torino : un esempio di dialogo tra il pubblico e i professionisti museali », Museologia Scientifica Memorie, n° 15, p. 117-120.

 

Fasolo Aldo, 2008 : « Museum of good hopes », Museologia Scientifica, n° 2, p. 15-20.

 

Garlandini Alberto & Montaldo Silvano, 2016 : « The Lombroso Museum in Turin. A reflection on the exhibition and scientific study of human remains », in Murphy Bernice L. (dir.), Museums, ethics and cultural heritage, New York, ICOM & Routledge, p. 319-327.

 

Giacobini Giacomo, 1997 : « Wax model collection at the Museum of Human Anatomy of the University of Turin », Italian Journal of Anatomy and Embryology, n° 102, p. 121-132.

 

Giacobini Giacomo, Cilli Cristina & Malerba Giancarla, 2003 : « Il Museo di Anatomia umana », in Giacobini Giacomo (dir.), La memoria della Scienza. Musei e collezioni dell’Università di Torino, Turin, Editris, p. 143-154.

 

Giacobini Giacomo, Cilli Cristina & Malerba Giancarla, 2008A : « Turin’s Museum of Mankind. An ongoing project », Museologia Scientifica, n° 2, p. 21-31.

 

Giacobini Giacomo, Cilli Cristina & Malerba Giancarla, 2008B : « Il restauro del Museo di Anatomia umana Luigi Rolando dell’Università di Torino », in Cilli Cristina, Malerba Giancarla & Giacobini Giacomo (dir.), « Il patrimonio della scienza. Le collezioni di interesse storico. Atti del XIV Congresso ANMS (Torino, 10-12 novembre 2004) », Museologia Scientifica Memorie, n° 2, p. 228-233.

 

Giacobini Giacomo, Cilli Cristina & Malerba Giancarla, 2010 : « Il riallestimento del Museo di Antropologia criminale Cesare Lombroso dell’Università di Torino. Patrimonio in beni culturali e strumento di educazione museale », Museologia Scientifica, n° 4, p. 137-147.

 

Giacobini Giacomo, Cilli Cristina & Malerba Giancarla, 2015A : « Luigi Rolando », Museum of Human Anatomy, University of Turin. Visitor’s guide, Turin, Edizioni Libreria Cortina.

 

Giacobini Giacomo, Cilli Cristina & Malerba Giancarla, 2015B : « Il nuovo allestimento : patrimonio in beni culturali e strumento di educazione museale », in Montaldo Silvano & Cilli Cristina (dir.), Il Museo di Antropologia criminale « Cesare Lombroso » dell’Università di Torino, Milan, Silvana Editoriale, p. 23-31.

 

Giacobini Giacomo, Cilli Cristina & Malerba Giancarla, 2016 : « Scientific museums, instruments of museum communication and education. The turinese example in service of the third mission », Museologia Scientifica, n° 10, p. 61-67.

 

Giacobini Giacomo, Cilli Cristina & Malerba Giancarla, sous presse : « Exploring the Anatomy Museum of the University of Turin », in Sandrone Stefano & Lorusso Lorenzo (dir.), The Birth of Modern Neuroscience in Turin, Oxford University Press.

 

Lanza Amilcare & Nilo Maria, 2010 : « A ciascuno la sua faccia ! Verso una cittadinanza tollerante e aperta alla diversità », Turin, Museo di Antropologia criminale « Cesare Lombroso ».

 

Lombroso Cesare, 1876 : L'uomo delinquente, studiato in rapporto all'antropologia, alla medicina legale ed alle discipline carcerarie, Milan, Hoepli.

 

Montaldo Silvano & Cilli Cristina, 2015 : Il Museo di Antropologia criminale Cesare Lombroso dell’Università di Torino, Milan, Silvana Editoriale.

 

Nilo Maria & Lanza Amilcare, 2008 : Al museo con la filastrocca. quaderno didattico per le scuole elementari, Turin, Museo di Anatomia umana.

 

Palouzie Hélène, 2017 : Prodiges de la nature. Les créations du docteur Auzoux (1797-1880), Montpellier, Direction régionale des Affaires culturelles.

Notes

1 Voir par exemple à ce sujet Giacobini et al. 2016.

2 Les collections des Archives scientifiques et technologiques de l’Université de Turin (ASTUT) sont en cours de transfert dans un bâtiment proche de celui des Instituts anatomiques.

3 En 2002, sur la base d’une convention signée par l’Université et par la Ville de Turin avec l’Institut expérimental pour la nutrition des plantes de Rome, le Musée des Fruits, avec sa riche collection de modèles produits à la fin du XIXe siècle par Francesco Garnier Valletti, trouva un siège dans le même bâtiment. Même sans faire partie du projet « Musée de l’Homme », le Musée des Fruits contribua au démarrage du pôle muséal et offrit un bel aperçu du positivisme scientifique dont Turin fut la capitale italienne.

4 Le projet prévoit également la réalisation d’un musée sur l’évolution physique et culturelle de l’homme et d’un Musée de la Médecine. Ce dernier serait basé essentiellement sur des collections historiques.

5 L’écorché en papier mâché en grandeur nature, démontable en 129 parties, conservé dans le musée (fig. 3) est le plus ancien connu parmi ceux qui ont été réalisés par Louis-Jérome Auzoux. Il est signé par l’auteur sur la cuisse droite : Auzoux fecit Paris 1830 (Palouzié 2017).

6 Dans certains cas, comme ceux d’albums de photographies et de dessins, il s’agit de livres virtuels.

Pour citer cet article

Giacomo Giacobini, Cristina Cilli & Giancarla Malerba, «Attirer le grand public dans les musées universitaires. L’expérience turinoise», Les Cahiers de muséologie [En ligne], Hors-série n° 1, Conférences, 58-73 URL : https://popups.uliege.be/2406-7202/index.php?id=677.