BASE

Biotechnologie, Agronomie, Société et Environnement/Biotechnology, Agronomy, Society and Environment

1370-6233 1780-4507

 

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Oyetounde Djiwa, Hodabalo Pereki & Kudzo Atsu Guelly

Perceptions ethnoculturelles des services écosystémiques rendus par les agroforêts à base de cacaoyer au Togo

(Volume 25 (2021) — Numéro 3)
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Annexes

Résumé

Description du sujet. Les agroforêts à cacaoyer sont d’une grande importance économique, écologique et sociale. Le choix des essences forestières à associer aux cacaoyers dépend de leurs usages suivant les groupes ethnoculturels et de leur contribution dans la diversification des sources de revenus des populations locales.

Objectifs. L’objectif de cette étude est d’analyser les perceptions locales des agriculteurs sur les services écosystémiques des agroforêts à base de cacaoyer.

Méthode. Des enquêtes ethnobotaniques ont été menées auprès des cacaoculteurs dans l’aire géographique de production de cacao au Togo. Elles ont été couplées à des observations directes dans des parcelles de cacaoyers. L’étude a touché 702 cacaoculteurs répartis dans 50 cantons couvrant neuf préfectures. Les analyses statistiques ont consisté en des calculs de fréquences, de pourcentages et de moyennes, en plus de tests statistiques et d’une ordination non métrique des espèces selon les groupes ethnoculturels.

Résultats. Les groupes ethnoculturels autochtones et allochtones ont cité 174 espèces associées aux cacaoyers. Ces espèces fournissent 18 services aux cacaoculteurs intérrogés. Les trois principaux critères de choix considérés pour maintenir une espèce ligneuse dans une agroforêt à cacaoyer sont l’ombrage offert aux cacaoyers (98,14 %), la contribution à la sécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages (92,43 %), la diversification des sources de revenu du ménage (78,71 %). La diversité des espèces associées varie suivant les groupes ethnoculturels et suivant les caractéristiques socioéconomiques.

Conclusions. Cette étude offre, aux instituts de vulgarisation et de recherche dans la cacaoculture, une évaluation de la diversité d’essences forestières dont il convient de maîtriser les techniques de culture pour aider les cacaoculteurs à rendre leurs productions plus durable au Togo. L’adoption de bonnes pratiques et des technologies durables pour accroitre la résilience des systèmes de production des cacaoculteurs nécessite des considérations particulières basées sur les perceptions des communautés locales.

Mots-clés : cacao, comportement culturel, développement durable, connaissance locale, Afrique occidentale

Abstract

Ethnocultural perceptions of ecosystem services provided by cocoa-based agroforests in Togo

Description of the subject. Cocoa-based agroforests are economically, ecologically and socially important. The choice of tree species to be introduced into cocoa farms depends on the use value of plant species according to ethnocultural groups and the contribution of the chosen species to the diversification of incomes of local communities.

Objectives. This study aimed to analyze the local perceptions of farmers regarding the ecosystem services of cocoa-based agroforests.

Method. Ethnobotanical surveys, conducted via interview, were carried out among 702 cocoa farmers in the cocoa cultivation area in Togo. Surveys were coupled with field visits in 50 cantons belonging to nine prefectures of the cocoa cultivation area in Togo. Data analysis was based on frequency, percentage and average calculations, statistical tests and non-metric ordination of plant species according to ethnocultural groups.

Results. Native and newcomer ethnocultural groups reported 174 woody species that they deliberately conserved in order to benefit from 18 services offered by cocoa-based agroforests. The three main criteria of choice considered by farmers for keeping a woody species in a cocoa farm were: its ability to offer shade to cocoa trees (98.14%), its level of contribution to food security and household nutrition (92.43%), and its provision for the diversification of income sources (78.71%). The diversity of associated species varied according to ethnocultural groups and socioeconomic characteristics.

Conclusions. This study offers to extension services and research within the field of cocoa a diverse range of forest tree species that could be produced and made available for a sustainable development program of cocoa farming in Togo. The adoption of good practices and technologies by farmers, in order to increase their resilience, needs specific consideration based on the perceptions of local communities.

Keywords : cocoa, cultural behaviour, sustainable economic development, local knowledge, West Africa

Reçu le 23 janvier 2021, accepté le 13 september 2021, mis en ligne le 28 septembre 2021

Cet article est distribué suivant les termes et les conditions de la licence CC-BY (http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/deed.fr)

1. Introduction

1Les agroforêts à base de cacaoyer (Theobroma cacao L.) sont des systèmes de cultures adaptés dans les zones tropicales et largement adoptés par les petits producteurs sur des parcelles dont la canopée facilite la culture sous-ombrage (Rice & Greenberg, 2000). En effet, ces agroforêts sont reconnues comme étant des solutions efficaces et efficientes pour booster les efforts de conservation de la biodiversité et pour accroitre la productivité dans les pays tropicaux (Wartenberg et al., 2017). Les espèces végétales associées (introduites et épargnées) qui composent les agroforêts à base de cacaoyer fournissent divers services écosystémiques d’une grande importance économique, écologique et sociale pour les populations. Ces agroforêts contribuent au bien-être des communautés et soutiennent l’économie des ménages ruraux (Cerda et al., 2014 ; Cerda et al., 2000). Plusieurs auteurs, tels qu’Isaac et al. (2007), Isaac et al. (2009) puis García et al. (2020), ont montré que les petits producteurs développent souvent des techniques agroforestières adaptables dans le but d’améliorer et de diversifier leur production et revenus économiques.

2En Afrique de l’Ouest, une série de travaux ont été menés sur les perceptions paysannes des espèces associées aux cacaoyers ou autres agroforêts dans l’Ouémé Supérieur au nord du Bénin (Sambiéni et al., 2015), au Ghana (Akrofi et al., 2003), au Nigéria (Oke et al., 2007 ; Raufu et al., 2015) et en Côte d’Ivoire (Adou Yao et al., 2016 ; Sanail, 2020). Ces travaux ont montré que le choix des espèces associées aux agroforêts à base de cacaoyer dépend de plusieurs paramètres multicritères comme l’âge, le sexe, l’appartenance à un groupe ethnoculturel, le niveau d’instruction, la taille de la parcelle, etc. (Amos, 2007 ; Aneani et al., 2012 ; Raufu et al., 2015 ; Wongnaa & Babu, 2020). La connaissance des services écosystémiques qu’offrent ces agrosystèmes pour les producteurs oriente ces derniers dans le choix des espèces agroforestières (Jagoret et al., 2009 ; Jagoret et al., 2014). Il est important de comprendre les paramètres et vecteurs qui expliquent cette richesse multispécifique observée dans les agroforêts à base de cacaoyer. La meilleure connaissance de ces paramètres permet de prendre des mesures adéquates pour adapter les agroforêts à base de cacaoyer aux changements climatiques et mettre au point des technologies agroforestières diversifiées et performantes.

3Au Togo, la production de cacao se fait sur environ 27 000 ha et contribue, avec le café, à 1,4 % du Produit Intérieur Brut (PIB). Selon la Direction des Statistiques Agricoles, de l’Informatique et de la Documentation (DSID, 2018), le Togo produit environ 12 600 tonnes de cacao marchand. Ces deux cultures de rente occupent près de 32 000 familles rurales et se font essentiellement sous forme d’agroforêts sur de petites parcelles de moins de 2 ha (87,3 %). Les plantations cacaoyères sont généralement multispécifiques (Djiwa et al., 2020). Cette diversité varie suivant les zones écologiques et les caractéristiques socioéconomiques des producteurs. Dans l’optique d’améliorer le sous-secteur de la cacaoculture au Togo, plusieurs recherches ont porté sur les maladies virales (Djiekpor et al., 1981), fongiques (Awoe, 2016), l’amélioration de la fertilité des sols (Adden, 2017 ; Adden et al., 2018) et la caractérisation des agroforêts (Djiwa et al., 2020). Cependant, très peu d’études sont orientées sur les déterminants (facteurs) expliquant le choix (préférence) des cacaoculteurs en matière d’espèces végétales à épargner ou à introduire dans leurs agroforêts. Les travaux menés sur les perceptions des agriculteurs concernant les services écosystémiques des agroforêts à base de cacaoyer restent parcellaires. Compte tenu de l’ambition politique d’accroitre la résilience des communautés locales et des écosystèmes de production de cacao au Togo, et dans l’optique de l’intégration effective des us et coutumes dans les pratiques culturales, le développement de ce sous-secteur devrait prendre en compte les raisons qui sous-tendent le choix des espèces agroforestières et des services écosystémiques afférents. Le choix des espèces associées aux agroforêts à base de cacaoyer dépend des caractéristiques socioéconomiques et des services écosystémiques tirés par les cacaoculteurs. Les questions de recherches que la présente étude pose sont :

4– quels sont les facteurs qui influencent le choix des espèces d’arbres qui sont préservées/introduites par les producteurs dans les agroforêts à cacaoyer au Togo ?

5– comment les producteurs perçoivent-ils les services écosystémiques des agroforêts à base de cacaoyer et des espèces végétales qui les composent ?

6L’objectif général de cette étude est de renseigner sur les perceptions locales qu’ont les producteurs de cacao des services écosystémiques rendus par les agroforêts à base de cacaoyer. Spécifiquement, il s’agira :

7– d’établir le profil des producteurs ;

8– d’inventorier les facteurs influençant le choix (la préférence) des paysans sur les espèces à associer aux cacaoyers ;

9– d’identifier les services rendus par les espèces associées.

10L’intérêt de cette étude est de proposer des solutions ciblées (locales) – à travers les perceptions des communautés – qui pourraient servir à alimenter les pratiques durables et les technologies devant permettre d’accroitre la résilience des petits producteurs tout en relevant la contribution à l’économie togolaise du sous-secteur de la cacaoculture.

2. Matériel et méthodes

2.1. Zone d’étude

11L’étude s’est déroulée dans la zone de production de cacao qui englobe neuf préfectures du Togo que sont Agou, Akébou, Amou, Blitta, Danyi, Kloto, Kpélé, Wawa et Zio. L’aire de production s’étend entre 6°11,4 et 8°26,46 de latitude Nord et 0°30,48 et 1°24,12 de longitude Est. Dans les neuf préfectures concernées, 50 cantons ont été visités dans la partie sud-ouest du pays. Trente-huit cantons appartiennent à la zone écolofloristique IV (Ern, 1979) du Togo et les 12 autres cantons sont à cheval entre les zones écologiques III et V. Cette aire de production du cacao (zone d’étude) comprend 11 terroirs ethniques (Figure 1) où vivent des autochtones (Adélé, Akébou, Akposso, Ewé, Igo/Ahlon) et des allochtones (N’tribou, Agnangan, Ifê, Kpessi, Ouatchi et Tém).

Image 10000000000001DF000002A2E5C35BA84D810D9A.jpgFigure 1. Zone d’étude indiquant la superposition des terroirs et groupes ethniques, les zones écologiques et les localités prospectés — Study area by layer stacking of ethnic group, ecological zone, and villages visited.

12La zone d’étude est la partie la plus arrosée du pays avec des moyennes de précipitations comprises entre 1 250 et 1 700 mm. Elle jouit d’un climat subéquatorial de transition caractérisé par une grande saison pluvieuse de huit mois qui s'étale de mi-mars à mi-novembre et une saison sèche de quatre mois, qui commence de mi-novembre jusqu'à mi-mars.

13Sur le plan géologique, la zone est dominée par la chaine des montagnes de l’Atakora à l’ouest et une vaste pénéplaine précambrienne à l’est. Les sols dominants sont des sols ferrugineux, ferralitiques et hydromorphes selon le système de classification français de 1967 (Lamouroux, 1969).

14La végétation est dominée par une mosaïque de reliques de forêts denses, de savanes, de jachères et d’agroforêts (Akpagana, 1989 ; Adjossou, 2009). La zone constitue le domaine des forêts humides du Togo. Les formations anthropophiles telles que les agroforêts à base de cacaoyer et à base de caféiers (Koda et al., 2019 ; Djiwa et al., 2020) sont les plus dominantes dans la zone, donnant au paysage l’aspect de forêts denses humides.

15L’agriculture est la principale activité dans la zone, compte tenu du bon niveau de fertilité des sols et du climat favorable. Ces conditions favorisent les cultures de rente et vivrières, le maraichage (Adden, 2017 ; Koglo et al., 2018) et les plantations de fruitiers comme le bananier (Musa spp.), l’avocatier (Persea Americana Mill.), le kolatier (Cola spp.), le corossolier (Annona muricata L.), l’arbre à pain (Arthocarpus spp).

2.2. Collecte des données

16La collecte des données s’est faite à travers la méthode anthropologique (Baribeau & Royer, 2012). La base de données de la Direction des Statistiques Agricoles, de l’Informatique et de la Documentation (DSID, 2016) a permis de connaitre les zones/bassins de productions (préfectures, cantons, etc.) des agroforêts à base de cacaoyer. Le questionnaire d'enquête a consisté en des interviews semi-structurés (Kumekpor, 2002). Ce questionnaire a été d’abord testé sur 20 cacaoculteurs, choisis de façon aléatoire, puis ajusté avant que l’enquête proprement dite ne soit réalisée. Le questionnaire a principalement porté d’une part sur la superficie, l'âge et le nombre des parcelles exploitées et d’autre part, sur les espèces ligneuses qui sont associées (introduites et préservées) dans les parcelles cacaoyères, les produits autres que les fèves de cacao que tirent les cacaoculteurs ainsi que les différents usages des essences associées aux cacaoyers. Le but de ce pré-test était de savoir d’une part, si ce questionnaire permettait de recueillir les informations de façon participative, de s’assurer de la cohérence et de l’exhaustivité des informations recherchées et, d’autre part, de déterminer le taux de sondage de cacaoculteurs par groupe ethnoculturel. Le nombre d’enquêtés (Tableau 1) issus de la population de cacaoculteurs a pu être déterminé sur la base des données test et selon la formule de Dagnelie (1998) :

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17avec n l’effectif prévisionnel de l’échantillon à déterminer, p le taux de sondage de cacaoculteurs par groupe ethnoculturel, U0,975 ≈ 1,96 est le quantile d’une distribution normale standard pour une valeur de probabilité de 0,05 (Fandohan et al., 2017), d est la marge d’erreur de l’estimation. Elle a été fixée à 5 % (Ouikoun et al., 2019 ; Agbodan et al., 2020).

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18Dans le présent travail, le terme « allochtone » regroupe toutes les personnes ayant une origine différente de celle de la population locale (autochtone) et installés tardivement dans la zone. Il s’agit des groupes ethnoculturels tels que les N’tribou, les Agnangan, les Ifê, les Kpessi, les Ouatchi et les Tém. La classification des biens et services est faite suivant les quatres catégories de services écosystémiques définies par le Millennium Ecosystem Assessment, MEA (2005), à savoir : les services d’approvisionnement, les services de régulation, les services de support et les services socioculturels. Les services écosystémiques désignent tous les biens et bénéfices environnementaux que procurent les espèces végétales (MEA, 2005).

19L’approche anthropologique « boule de neige » (Heckathorn, 2011) a été adoptée au niveau des localités pour faciliter l’identification des cacaoculteurs présélectionnés au hasard dans les zones de productions des cacaoyers (base DSID). Un cacaoculteur préalablement enquêté propose un autre cacaoculteur qu’il connait (Spreen & Zwaagstra, 1994). Des entretiens ont été couplés à des visites dans les parcelles (observation de terrain) de cacaoyers afin de s’assurer de la conformité des informations, surtout pour ce qui est des noms botaniques des espèces végétales. Des illustrations et des descriptions de certains organes de plantes ont été sollicitées en cas de doute et des restes des organes des plantes agroforestières, en cours d’utilisation dans les ménages, ont été collectés comme spécimen d’identification pour confirmer les noms scientifiques au cours des observations directes.

20La nomenclature des espèces s’est basée sur les documents de références dont la flore analytique du Togo (Brunel et al., 1984) et du Bénin (Akoègninou et al., 2006). En cas de doute, des échantillons ont été comparés au spécimen de l’Herbarium National basé à l’Université de Lomé. La nomenclature botanique adoptée est celle de la classification APG IV (2016).

2.3. Traitement des données et analyses statistiques

21Une matrice d’occurrence des espèces ligneuses associées aux agroforêts à base de cacaoyer a été générée pour discriminer les préférences des espèces suivant les groupes ethnoculturels. Cette matrice a été soumise aux analyses statistiques descriptives. Ainsi, les fréquences de citations, les moyennes et écart-types (± standard deviation) ont été calculés afin d’analyser et de comprendre les perceptions.

22Les données et informations collectées ont été analysées selon les services écosystémiques. Cette analyse a porté sur les services d’approvisionnement, les services de régulation, les services de support et les services socioculturels. Pour apprécier et comparer le niveau d’importance de chaque service écosystémique des agroforêts et des essences ligneuses qui les composent, la fréquence de citation (Fc) des essences et celle de citation des services écosystémiques (Fe) ont été calculées.

23La fréquence de citation (Fc) des espèces ligneuses associées aux agroforêts à cacaoyer a été calculée pour chaque groupe ethnoculturel selon la formule suivante :

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24où Ni représente le nombre de fois qu’une espèce a été rapportée par les enquêtés d’un groupe ethnoculturel i et N le nombre total des enquêtés du groupe ethnoculturel considéré.

25La fréquence de citation des services écosystémiques (Fe) dans chaque catégorie a été calculée selon la formule suivante :

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26où Ci représente le nombre de citation pour un service rapporté pour une espèce i et C le nombre total de répondants pour ce service.

27Des analyses multivariées ont été réalisées à l’instar du test non paramétrique de Kruskal-Wallis (au seuil de 5 %) et du NMDS (non-metric multidimentional scaling). Le test de Kruskall-Wallis a été réalisé pour déterminer l’influence des caractères socioéconomiques sur le choix des espèces associées aux agroforêts à cacaoyer. Ainsi le nombre de parcelles, la classe d’âge, la taille des parcelles, le niveau d’instruction, le sexe suivant les groupes ethnoculturels ont été considérés comme des variables explicatives du nombre d’espèces préservées dans les cacaoyers. La matrice de citation des espèces par groupe ethnoculturel couplée aux superficies allouées aux agroforêts à cacaoyer a été soumise à une ordination multidimensionnelle non métrique (NMDS) pour analyser une possible corrélation entre la taille des parcelles et la diversité des espèces associées. Le NMDS est une approche par rang qui permet la représentation dimensionnelle suivant l’ordre des distances entre les variables. Le modèle linéaire généralisé (GLM) utilise la distribution de Poisson et la fonction affine (y = ax + b). Les analyses statistiques et les représentations graphiques ont été réalisées en utilisant le package Vegan du logiciel R.4.0.2 (Oksanen et al., 2019 ; R Core Team, 2020).

3. Résultats

3.1. Caractéristiques sociodémographiques des producteurs de cacao au Togo

28L’âge moyen des producteurs de cacao enquêtés est de 52 ± 12 ans pour les femmes et de 51 ± 13 ans pour les hommes avec une moyenne de 15 ± 8 ans d’ancienneté (pour les deux sexes) dans la gestion des agroforêts à cacaoyer. Les femmes représentent seulement 6,04 % des propriétaires de plantations cacaoyères. Les producteurs et productrices de cacao au Togo exploitent des parcelles de cacaoyers dont la superficie moyenne est de 2,10 ± 1,82 ha. La moyenne du nombre de parcelles de cacaoyers exploitées est de 1,62 ± 0,78 ha par producteur (Tableau 2).

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3.2. Espèces ligneuses associées aux agroforêts à cacaoyer suivant les groupes ethnoculurels

29Au total, 174 espèces ligneuses réparties dans 138 genres et 40 familles ont été citées par les cacaoculteurs comme espèces associées aux agroforêts à base de cacaoyer (Annexe 1). Les familles botaniques les plus représentées parmi ces essences sont les Fabaceae (17 %) et les Moraceae (17 %) suivies des Euphorbiaceae (12 %), des Sterculiaceae (11 %) et des Meliaceae (8 %).

30Les principales espèces ligneuses qui sont épargnées par les agriculteurs dans les parcelles de cacaoyers sont Milicia excelsa (Welw.) C.C.Berg, Khaya gandifoliola C.DC., Terminalia superba Engl. & Diels, Alstonia boonei De Wild., Ceiba pentandra (L.) Gaertn., Cola gigantea A.Chev., Albizia spp., Ficus mucuso Welw. ex Ficalho, Antiaris toxicaria Lesch., Holarrhena floribunda (G.Don) T.Durand & Schinz et Cola nitida (Vent.) Schott & Endl. Cette diversité spécifique varie substantiellement d’un groupe ethnoculturel à un autre (Figure 2).

Image 10000000000001E80000029974717B320E21850F.jpgFigure 2. Histogrammes montrant les 10 espèces ligneuses associées les plus conservées suivant les groupes ethnoculturels —Histograms showing the 10 most conserved associated woody species according to ethnocultural groups.

3.3. Facteurs influençant la connaissance des espèces préservées dans les agroforêts à cacaoyer

31Le nombre de citations et les connaissances liées aux espèces associées dans les agroforêts à cacaoyer dépendent des facteurs socioéconomiques que sont le statut résidentiel, le niveau d’instruction et la durée de la pratique de la cacaoculture. Le test de Kruskal-Wallis (Tableau 2) montre que le nombre d’espèces épargnées est significativement influencé par le groupe ethnoculturel, le nombre d’années d’expérience, le niveau d’instruction, le statut résidentiel et le groupe ethnoculturel des cacaoculteurs (p-value < 0,05) (Tableau 3). Le nombre moyen d’espèces ligneuses épargnées est de 4,1 chez les jeunes contre 7,3 chez les vieux.

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3.4. Perceptions des services écosystémiques des agroforêts à base de cacaoyer

32Les cacaoculteurs ont cité 18 biens et services apportés par les ligneux associés aux agroforêts à base de cacaoyer. Ces biens et services sont regroupés en trois catégories (Figure 3). La catégorie des services socioculturels est faiblement représentée. Quelques espèces associées sont utilisée à des fins magicomystiques (guérison de la folie), tandis que d’autres espèces associées sont vénérées comme des dieux.

Image 1000000000000206000001587525BE8950616DDB.jpgFigure 3. Catégories de services écosystémiques offerts par les espèces associées des agroforêts à cacaoyers du Togo — Ecosystem service types provided by associated species in cocoa-based agroforests in Togo.

33Selon les cacaoculteurs enquêtés, les biens et services tirés d’une agroforêt à cacaoyer sont :

34– l’ombrage comme un service de régulation offert par le ligneux aux cacaoyers (98,14 %) ;

35– la contribution à la sécurité alimentaire et nutritionnelle (92,43 %), comme source d’approvisionnement d’aliments, avec un accent particulier sur les fruits et légumes (91,14 %) ;

36– la possibilité qu’offre le ligneux pour diversifier les sources de revenu du ménage à travers des produits forestiers non ligneux (78,71 %), par exemple ;

37– le potentiel de fertilisation du sol (service de support) que présente le ligneux (77,71 %) ;

38– le rôle d’approvisionnement en bois d'œuvre (71,29 %) et de fourniture de bois énergie (19,14 %) pour l’autoconsommation et la commercialisation ;

39– la possibilité d’utiliser la plante en pharmacopée traditionnelle (10,71 %).

3.5. Corrélation entre la diversité des plantes associées et la taille des agroforêts à base de cacaoyer

40L’ordination non métrique catégorise les ligneux en fonction des groupes ethnoculturels, des classes d’âge et de la superficie des parcelles. Les deux premiers axes de la NMDS expliquent 62,5 % de la variance totale. Suivant l’axe 1, les connaissances ethnobotaniques des groupes ethnoculturels Ewé, Akposso, Ahlon/Igo s’opposent à celles des Adélé et Akébou. L’axe 2 sépare les espèces associées des cacaoculteurs disposant de parcelles d’une superficie de moins de 3 ha de ceux disposant de parcelles d’une superficie supérieure à 3 ha.

41Dans la zone de production de cacao au Togo, les espèces telles que Albizia ferruginea (Guill. & Perr.) Benth., Albizia glaberrima (Schum. & Thonn.) Benth., Albizia adianthifolia (Schum.) W.Wight, Albizia chevalieri Harms, Artocarpus altilis (Parkinson ex F.A.Zorn) Fosberg, Citrus sinensis (L.) Osbeck, Citrus maxima (Burm.) Merr., Citrus reticulata Blanco, Cola laurifolia Mast., Persea americana Mill. et Terminalia superba Engl. & Diels, sont déjà bien intégrées dans les pratiques agroforestières chez tous les groupes ethnoculturels. Ces essences se retrouvent dans tous les types d’agroforêts à cacaoyer au Togo. L’analyse de la figure 4 montre qu’il n’existe pas une forte corrélation entre la diversité des plantes associées et la taille des agroforêts à base de cacaoyer.

Image 10000000000001F7000001A6F66C3CFF55A1AC46.jpgFigure 4. Ordination non métrique (NMDS) des ligneux selon les groupes ethnoculturels — Non-metric multidimensional scaling (NMDS) of tree species based on ethnocultural groups.AD : Adélé ; AK : Akébou ; AKP : Akposso, EW : Ewé, IG : Igo ; 1P : 1 ha ; 23 : 2 - 3 ha ; 35 : 3 - 5 ha ; 5P : > 5 ha.

42Toutefois, les spécificités dans la préservation des ligneux dans les agroforêts à base de cacaoyer est fonction des groupes ethnoculturels. Ainsi :

43– les Akébou préservent préférentiellement les espèces comme Mitragyna stipulosa (DC.) Kuntze, Khaya anthotheca (Welw.) C.DC., Macaranga barteri Müll.Arg., Pycnanthus angolensis (Welw.) Warb., Sterculia tragacantha Lindl., Funtumia africana (Benth.) Stapf, Spondianthus preussii Engl. et Zanthoxylum zanthoxyloides (Lam.) Zepern. & Timler ;

44– les Ewé maintiennent spécifiquement dans les agroforêts les espèces comme Alstonia boonei, Ceiba pentandra, Cola gigantea, Khaya grandifoliola et Milicia excelsa ;

45– les Ahlon/Igo conservent intentionnellement Alstonia boonei, Ficus sycomorus L., Ficus platyphylla Delile, Milicia excelsa et Terminalia superba ;

46– les Akposso maintiennent essentiellement dans leurs agroforêts Cola gigantea, Harungana madagascariensis Lam. ex Poir., Rauvolfia vomitoria Afzel., Afzelia africana Sm., Ficus mucuso, Trichilia monadelpha (Thonn.) J.J. de Wilde, Garcinia livingstonei T.Anderson, Terminalia superba, Milicia excelsa, Garcinia afzelii ;

47– les Adélé préservent essentiellement les espèces comme Monodora myristica (Gaertn.) Dunal, Cleistopholis patens (Benth.) Engl. & Diels et Pandanus candelabrum P.Beauv.

48Le nombre d’espèces associées aux agroforêts à cacaoyer varie suivant le groupe ethnoculturel. Le groupe ethnoculturel Akébou, par exemple, conserve 32 espèces alors que les Adélé ne conservent que sept espèces en moyenne (Figure 5).

Image 10000000000000FC000000BD87D044A9FA935CD7.jpgFigure 5. Nombre de ligneux associés dans les cacaoyers suivant les groupes ethnoculturels au Togo — Species richness of trees associated in cocoa-based agroforests by ethno-cultural groups in Togo.

4. Discussion

4.1. Caractéristiques sociodémographiques et ethnoculturelles des producteurs de cacao au Togo

49L’âge moyen des producteurs de cacao est de 52 ans et 90,36 % des cacaoculteurs ont un âge supérieur à 36 ans. Cela suggère un faible intérêt ou un accès limité des terres aux jeunes (moins de 35 ans) pour la culture du cacaoyer au Togo, comparativement à la moyenne d’âge de 34 ans dans le Haut Sassandra en Côte d’Ivoire (Timite et al., 2019). Ce désintérêt s’explique en partie par la baisse des rendements due aux variabilités climatiques d’une part et, d’autre part, par le vieilissement des plantations, la micro-parcellisation des cacaoyers et la pénébilité du travail dans la cacaoculture qui ne favorisent pas l’engouement des jeunes au Togo. La faible proportion de jeunes pourrait constituer un frein à l’innovation dans ce secteur, notamment une faible adoption de nouvelles technologies, y compris les variétés performantes et surtout une contrainte pour la digitalisation agricole qui est plus l’apanage des jeunes agriculteurs. La petitesse de la taille des champs de cacao (en moyenne 2,10 ha) comparée à la superficie moyenne de 3,6 ha observée pour les cacaoyers du Haut-Sassandra en Côte d’Ivoire (Timite et al., 2019) ne permet pas une intensification agricole. Toutefois, cela donne un avantage pour une orientation vers la culture de cacao biologique sur de petites parcelles. Il est reconnu que certaines caractéristiques de l’agriculteur telles que son âge, son expérience professionnelle ou son niveau d’éducation pourraient influer sur le choix de paquets technologiques à déployer dans l’innovation de ce sous-secteur (Roussy et al., 2015 ; Yabi et al., 2016 ; Issoufou et al., 2017).

50L’héritage comme principal mode d’accès à la terre expliquerait également la faible proportion (6,04 %) de femmes propriétaires de cacaoyers. Les quelques femmes qui possèdent des champs de cacaoyer sont pour la plupart âgées de plus de 60 ans et sont souvent des veuves. Le cacaoyer étant pluriannuel, les cacaoyers sont installés pour durer au moins 30 ans (Dallière & Dounias, 1999 ; Alary, 2000), ce qui fait que les hommes évitent de céder ou prêter des terres aux femmes qui désireraient installer des cacaoyers et ainsi accéder à un droit d'usage de la terre à long terme.

51Les principaux groupes ethnoculturels que sont les Ewé, Akposso, Ahlon/Igo, Akébou et Adélé sont ceux qui peuplent majoritairement la zone de culture de cacao. En effet, les premières tentatives d’introduction de cacao au Togo ont été entreprises en 1895 dans Kloto (Ewé) et se sont soldées par un échec, il faudra attendre 1930 pour que cette culture prenne de l’extension à partir du Litimé en zone Akposso (Pontie, 1992). C’est donc à partir de ces deux zones (Kloto et Litimé) que la culture du cacao va se répandre dans toute l’aire géographique de production qui couvre aujourd’hui neuf préfectures, et va au delà de la zone écologique IV du Togo, zone qui est reconnue propice à cette culture. Les autres groupes ethnoculturels allochtones (Tém, Kabyè, Moba, etc.) sont venus du Centre et du Nord du pays, attirés par la forte demande en main-d’œuvre et la fertilité des terres agricoles de la zone. Avec le temps, ces allochtones vont aussi acquérir par achat ou don ou encore suite au partage de récolte, des terres pour leurs propres parcelles de cacao.

4.2. Perceptions des agriculteurs des ligneux associés aux cacaoyers

52La production de cacao se fait essentiellement au Togo sous ombrage et offre un type particulier de végétation que sont les agroforêts (DSID, 2018 ; Djiwa et al., 2020), bien que cette culture puisse se développer en monoculture et en plein soleil. En effet, la production sous ombrage du cacaoyer donne un rendement moindre (moins de 40 %) que la culture ensoleillée, mais permet de maintenir la parcelle productive pendant 30 à 40 ans au lieu de 15 ans seulement en culture ensoleillée (Dallière & Dounias, 1999). D’après Vroh et al. (2019), « le choix des espèces d’ombrage est strictement lié aux avantages et désavantages pour le développement dans une cacaoyère, pour la diversification des sources de revenus et pour le maintien de la diversité biologique ». Dans le cadre de cette étude, l’ombrage a été cité (98,14 %) comme le premier critère que considèrent les cacaoculteurs pour choisir de préserver, de reboiser ou éliminer un arbre dans un cacaoyer. Plusieurs auteurs (Dallière & Dounias, 1999 ; Jagoret, 2011 ; Adou Yao et al., 2016 ; Kouadio et al., 2018 ; Vroh et al., 2019 ; Jagoret et al., 2020 ; Mvondo et al., 2020) ont également démontré le rôle important de l’ombrage dans la culture du cacaoyer. Il favorise une bonne croissance des plants et l’obtention d’un bon rendement. Cependant, l’excès d’ombrage serait une source de développement des maladies du cacaoyer (Oro et al., 2019).

53Pour maintenir une diversité spécifique adéquate, les cacaoculteurs au Togo préservent 174 espèces végétales. Il avait été recensé 67 essences dans les cacaoyers des Tikar au centre du Cameroun (Dallière & Dounias, 1999). De même, Timite et al. (2019) ont recensé 87 espèces dans les cacaoyers du Haut Sassandra en Côte d’Ivoire dans le cas d’une étude similaire. Au Nigéria, Oke & Odebiyi (2007) ont recensé 45 espèces dans les cacaoyers de la région d’Ondo. La diversité spécifique des agroforêts à cacaoyer est élevée au Togo. Cette valeur élevée pourrait s’expliquer par la taille plus grande de l’échantillonnage et de la couverture géographique de la présente étude. Plusieurs auteurs ont démontré le rôle bénéfique de la diversité spécifique pour réduire l’invasion des maladies du cacaoyer et le contrôle des nuisibles et rongeurs (Knops et al., 1999). En effet, la structure spatiale des individus au sein des agroforêts à cacaoyer influence l’intensité d’attaque des bioagresseurs des cacaoyers (Ngo et al., 2019). Selon Jagoret et al. (2020), « les agriculteurs distinguent ces espèces selon leurs effets positifs ou négatifs sur les cacaoyers. Ils font volontairement des compromis entre la production de cacao et les autres usages et services en fonction de leur stratégie de production et de leur capacité économique ». Au Togo, les espèces comme Ficus mucuso, Adansonia digitata L., Cola chlamydantha K.Schum., Commelina erecta L., Corchorus tridens L. sont perçues comme des essences hôtes de vecteurs de maladies du cacaoyer (Oro et al., 2012). D’autres espèces comme Ficus exasperata Vahl et Cola gigantea sont considérées respectivement comme trop encombrantes pour le cacaoyer ou diminuent l’humidité du sol, compte tenu de l’aspect coriace de leurs feuilles qui se décomposent très lentement quand elles tombent au sol sous les cacaoyers (Djiwa et al., 2020).

54Le choix des ligneux préservés par les agriculteurs n’est pas aléatoire, c’est bien un choix raisonné. Si la motivation principale de maintien des arbres dans les cacaoyers est l’ombrage, les cacaoculteurs privilégient les arbres à usages multiples qui peuvent contribuer à leur sécurité alimentaire (Assogbadjo et al., 2012), à leur santé et à leur bien-être, tout en leur offrant d’autres biens et services (bois d’œuvre et de service et bois énergie). Ainsi, des fruits, légumes, épices, plantes à racine comestibles ou encore des parties des plantes (écorce, racine, feuille, fleur, sève, etc.) sont utilisées pour l’alimentation ou la pharmacopée traditionnelle. Les plantes utilisées pour la pharmacopée traditionnelle sont par exemple Alstonia boonei, Anthocleista vogelii Planch., Zanthoxylum zanthoxyloides, Khaya gandifoliola, Spathodea campanulata P.Beauv. et Rauvolfia vomitoria Afzel. Nos résultats corroborent ceux d'Adou Yao et al. (2016) et de Cissé et al. (2019) en Côte d'Ivoire desquels il ressort que le choix des espèces d'arbres est fonction des usages, des caractéristiques socio-économiques, etc. Cette étude montre que la diversité (quantitative et qualitative) des espèces associées aux agroforêts à base de cacaoyer varie suivant les groupes ethnoculturels prospectés. En effet, les savoirs locaux sur les biens et bénefices des plantes associées sont inextricablement liées à l’héritage culturel intégré aux us et coutumes developpés par chaque groupe ethnoculturel (Kebenzikato et al., 2015 ; Agbodan et al., 2019), ce qui explique une variation de connaissance autour des espèces agroforestières priorisées. Cependant, une homogenéisation de connaissance est observée autour de certaines espèces, souvent fruitières, qui constituent des savoirs généralisés issus des brassages ethniques (mariages) et des migrations (Atakpama et al., 2015). L’analyse du NMDS montre que la diversité spécifique des espèces associées ne varie pas significativement suivant la taille des agroforêts. Le manque de terre à vocation cacaoyère entraine un choix selectif des espèces associées (introduites ou épargnées) présentes dans les agroforêts à base de cacaoyer. De plus, la paupérisation accrue des producteurs favorise l’abbatage des arbres de grand diamètre pour faire place, de prime abord, aux plantes frutières et fertilitaires de diamètre moyen (Sanial, 2019).

55Les agroforêts à cacaoyer sont aussi des lieux de recherche de petits gibiers, de larves d’insectes ou d’autres produits forestiers non ligneux. Les épices pour l’alimentation humaine sont obtenues à partir des essences comme Piper guineense Schumach. & Thonn., Monodora myristica, Xylopia aethiopica (Dunal) A.Rich., Irvingia gabonensis (Aubry-Lecomte ex O'Rorke) Baill., Landolphia owariensis P.Beauv. Selon Jagoret et al. (2020), « un équilibre peut être trouvé entre les cacaoyers et un panachage d’arbres choisis par les agriculteurs pour leurs usages variés, tout en maintenant un rendement en cacao convenable sur le long terme ». Les travaux de Tscharntke et al. (2011) et d’Amani et al. (2021) ont montré qu’une forte diversification des espèces associées aux agroforêts cacaoyères pourrait renforcer significativement les moyens de subsistance des agriculteurs. En analysant les services écosystémiques des agroforêts à cacaoyer, tels que appréhendés par les cacaoculteurs au Togo, on observe que trois catégories de services (approvisionnement, régulation et support) sont bien connues de ces derniers. Les agroforêts à cacaoyer jouent un rôle d’approvisionnement en bois d’œuvre ou d’énergie (Sambou et al., 2018), en différents fruits (Do et al., 2020) comme les agrumes (orange, citron, pamplemousse), l’arbre à pain, l’avocat, la banane douce, la banane plantain, le cola, le corossol.

56Le rôle de régulation du climat à travers un microclimat créé par les agroforêts à cacaoyer est bien connu par les cacaoculteurs qui apprécient l’ombrage et la fraicheur locale qui permettent un bon développement du cacao (Jagoret et al., 2020). Les espèces qui sont citées pour leur service de régulation ou de support sont Khaya grandifoliola, Persea americana, Terminalia superba, Alstonia boonei, Triplochiton scleroxylon K.Schum., Celtis zenkeri Engl., Erythrophleum suaveolens (Guill. & Perr.) Brenan, Samanea saman (Jacq.) Merr., Pycnanthus angolensis (Welw.) Warb. De même, l’importance des agroforêts pour leur service écosystémique de support, qui contribue à la fertilité des sols (Yabi et al., 2016 ; Adden, 2017 ; FAO, 2017) et dans une moindre mesure à la lutte contre l’érosion du sol (Saputra et al., 2020), est bien perçue par les cacaoculteurs. La prédominance des légumineuses comme Albizia adianthifolia, Albizia lebbeck (L.) Benth., Gliricidia sepium (Jacq.) Walp., s’explique donc par leur rôle bénéfique sur la fertilité des sols.

5. Conclusions

57L’analyse des perceptions locales des agriculteurs sur les services écosystémiques des agroforêts à base de cacaoyer a permis de récenser 174 espèces ligneuses associées. Cette préservation est soutenue par plusieurs raisons évoquées par les cacoculteurs dans les groupes ethnoculturels autochtones et allochtones dominants dans l’aire géographique de production de cacao au Togo. Les variables telles que le groupe ethnoculturel, la classe d’âge et la superficie des parcelles influencent le choix du cacaoculteur dans la préservation des ligneux. Suivant les perceptions, le nombre de ligneux préservés est différent d’un groupe ethnique à un autre et influence la richesse spécifique des agroforêts à cacaoyer. Il ressort de l’étude que le groupe ethnoculturel Akébou préserve une grande diversité d’espèces végétales associées aux agroforêts à cacaoyer, comparativement aux autres groupes ethnoculturels présents dans le milieu d’étude. Un consensus se dégage au niveau de certaines espèces fruitières qui se retrouvent dans tous les types d’agroforêts à cacaoyer, quel que soit le groupe ethnoculturel considéré. Il s’agit essentiellement d’Artocarpus spp., Citrus spp., Dialium guineense, Persea americana, Psidium guajava. Les cacaoculteurs au Togo reconnaissent 18 biens et services regroupés en trois catégories de services écosystémiques, que leur fournissent les agroforêts à base de cacaoyer. Dans le cadre du développement de la cacaoculture au Togo et dans une optique de rendre les cacaoculteurs plus résilients aux contraintes liées à la productivité et au changement climatique, la prise en compte des pratiques et technologies agroforestières est d’une grande importance. Les perceptions des communautés permettraient d’optimiser la plus-value des innovations technologiques et des pratiques résilientes dans l’élaboration des programmes de reforestation au niveau national. Par ailleurs, cette étude offre au service de vulgarisation et de recherche (Institut de Conseil d'Appui Technique, Unité Technique Café Cacao), suivant les perceptions loales, une diversité d’essences forestières dont il conviendrait de maitriser les techniques de multiplication afin de les rendre disponibles pour les cacaoculteurs dans le cadre de la production durable de cacao au Togo.

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Pour citer cet article

Oyetounde Djiwa, Hodabalo Pereki & Kudzo Atsu Guelly, «Perceptions ethnoculturelles des services écosystémiques rendus par les agroforêts à base de cacaoyer au Togo», BASE [En ligne], Volume 25 (2021), Numéro 3, 208-222 URL : https://popups.ulg.ac.be/1780-4507/index.php?id=19153.

A propos de : Oyetounde Djiwa

Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO). 01 BP 4388. Lomé (Togo). E-mail : oyetounde.djiwa@fao.org – Université de Lomé. Laboratoire de Botanique et Écologie Végétale. Département de Botanique. 01 BP 1515. Lomé (Togo).

A propos de : Hodabalo Pereki

Université de Lomé. Laboratoire de Botanique et Écologie Végétale. Département de Botanique. 01 BP 1515. Lomé (Togo).

A propos de : Kudzo Atsu Guelly

Université de Lomé. Laboratoire de Botanique et Écologie Végétale. Département de Botanique. 01 BP 1515. Lomé (Togo).