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La géographie limnologique en France : conjugaison de l’espace et du temps pour la compréhension des relations homme-milieu
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La limnologie est née en 1892 en Suisse en tant que géographie des eaux des lacs. Elle a ensuite évolué vers les sciences exactes, s’éloignant des sciences humaines, particulièrement en France. Depuis une vingtaine d’années, la géographie limnologique française enrichit la limnologie en s’appuyant sur les changements d’échelles et la prise en compte des faits de société. Elle apporte à la géographie un nouvel objet, le plan d’eau pris en tant que système (lac, naturel et artificiel et étang), et participe de façon originale aux recherches sur les territoires de l’eau.
Abstract
Limnology is born in 1892 in Switzerland as geography of lakes. Then it became a part of the exact sciences and wandered from social sciences, especially in France. For some twenty years the French limnogeography has brought to limnology spatio-temporal scales and social facts. It has brought to geography a new object: lake, reservoir and pond. It has taken an original part to the study about territories of water too.
Table of content
I. Introduction
1Les liens entre la limnologie, science des lacs et des plans d’eau, et la géographie, forment une partie de la question épistémologique complexe des relations entre l’hydrologie, l’ensemble des sciences de l’eau et la géographie. La structure de deux grands manuels de référence récents en hydrologie, écrits en langue française, permet de poser concrètement le problème. Dans son Précis d’hydrologie marine et continentale, A. Guilcher (1979) présente les objets hydrologiques qui sont posés sur le substrat rocheux de notre planète : l’océan, les mers, les lacs, les fleuves et les rivières. Ce sont eux qui déterminent le plan de l’ouvrage. Dans leur Hydrologie continentale, C. Cosandey et M. Robinson (2000, 2012) présentent les phases de l’eau, les formes de l’eau et les liens qui les font passer d’un état à l’autre et d’un lieu à l’autre. Ce sont ces phases qui structurent le plan. La différence conceptuelle est considérable. Le premier travaille à l’échelle de la masse d’eau, les seconds à celle de la goutte d’eau qui effectue un cycle. Parmi les conséquences de cette pensée différente, A. Guilcher (1979) exclut la phase aérienne et souterraine du cycle de l’eau, la laissant aux climatologues, pédologues et géomorphologues, alors qu’elle constitue plus de la moitié du manuel de C. Cosandey et M. Robinson (2000). À l’inverse, ceux-ci séparent de façon étanche leur hydrologie continentale de l’océanographie, alors que cette dernière est clairement considérée comme le moteur de toute l’hydrologie par le premier.
2L’opposition entre ces deux manuels est représentative de deux écoles. La première est héritée du Traité de géographie physique d’E. de Martonne (1909). Sous des formes très modernisées et évoluées, elle se ressent aujourd’hui dans les écrits de J.-R. Vanney (2002a et b). Elle est assez typiquement française et sa démarche est largement qualitative. La seconde, plutôt anglo-saxonne et quantitative, met en avant les flux ; elle se trouvait précédemment dans des manuels de géographes britanniques (Ward, 1967) ou des ouvrages d’hydrologie français écrits par des auteurs non géographes (Réméniéras, 1960).
3Dans la première école géographique, le lac est présent en tant qu’océan en miniature, dans la seconde en tant que maillon de la chaîne hydrographique continentale. Dans le cadre d’une recherche épistémologique, la limnologie pourrait être étudiée, à l’intérieur de l’hydrologie, sur le même plan que l’océanographie, la potamologie ou les autres sciences dans lesquelles l’eau joue un rôle (glaciologie, nivologie, pédologie, climatologie, etc.), si l’on voulait privilégier la démarche de la première école. La limnologie pourrait aussi être étudiée, à l’intérieur de la science du cycle de l’eau, sur le même plan que les recherches scientifiques des bilans d’eau, comme une partie des recherches sur les stockages et déstockages, les rétentions et les décalages, si l’on voulait favoriser l’approche de la seconde école.
4Mais l’important se trouve être que, jusqu’à récemment, dans les deux cas, la place du lac, du plan d’eau, des eaux continentales stagnantes, de la limnologie, étaient très réduites. Qu’est-ce qu’un minuscule plan d’eau par rapport à l’océan, pour les premiers ? Que vaut un simple accident du profil en long d’un grand réseau hydrographique et l’éphémère emmagasinage d’eau par rapport au cycle mondial, pour les seconds ? Or le lac, le plan d’eau, la limnologie ne méritent-ils pas d’être réévalués ?
5Pour tenter de répondre à cette question majeure, trois directions doivent être envisagées. Il conviendra d’abord de retracer une succincte histoire de la limnologie en privilégiant la place prise par la géographie. Il faudra ensuite mettre en valeur les méthodes et la démarche de l’actuelle géographie limnologique, dans le but de montrer en quoi elle enrichit, d’une part, la limnologie, d’autre part, la géographie.
II. L’histoire de la limnologie et la place de la géographie
6Les rares articles (Elster, 1974) ou chapitres (Horne et Goldman, 1994) traitant de l’histoire de la limnologie sont habituellement portés sur l’aire culturelle anglo-saxonne et la biologie. Au contraire, le parti pris sera ici plutôt français et géographique.
7Dès le XVIIIe siècle, quelques travaux pionniers préfiguraient la science des lacs, dont ceux du Suisse H.-B. de Saussure (1779) sur le Léman. Ce fut dans cette lignée et sur les bords du même lac que F.-A. Forel fonda le terme de limnologie en 1892. Bien qu’il fût Professeur d’anatomie à l’Université de Lausanne, la définition qu’il donna de son néologisme mettait la géographie au centre de la nouvelle science : il s’agissait de « la géographie des eaux […] des lacs » (Forel, 1892, p.VI). Et il mit son précepte en application en travaillant toute sa vie sur les lacs selon une démarche géographique, qui, pour lui, trouvait son expression majeure dans la globalité de la recherche. Son influence fut considérable sur tous les savants de l’époque, si bien qu’une méthode de travail proche, tout en étant plus cartographique, fut utilisée par le premier limnologue français, A. Delebecque (1892, 1898). Pourtant, ingénieur des Ponts et Chaussées, celui-ci n’était pas non plus un géographe.
8Une césure se produisit lors de la création de l’Association Internationale de Limnologie en 1922 par le biologiste allemand A. Thienemann. Sous sa férule, la limnologie fut redéfinie en une biologie des eaux continentales et pratiquée comme une hydrobiologie des seules eaux douces (Thienemann, 1925). Malgré quelques nuances et exceptions, cette transformation se propagea au monde entier et la situation est restée jusqu’à aujourd’hui, celle d’une science très fortement dominée par la biologie (Naumann, 1931, Rawson, 1942, Welch, 1952, Ruttner, 1963, Golterman, 1975, Margalef, 1983, Stella, 1984, Schwoerbel, 1987, Wetzel, 2001 & Akbulut N.E., 2004). Quelques grands limnologues biologistes l’ont regretté plus ou moins ouvertement (Hutchinson, 1957, Dussart, 1966 et 1992, Cole, 1983, Burgis & Morris, 1987), appelant à une moins grande spécialisation. Certains limnologues géologues géochimistes, comme A. Lerman (1978) et M. Meybeck (1995a et b), ou biologistes, comme B.V. Timms (1992) et D. Banas (2011), ont certes publié des travaux d’une optique assez proche de la géographie. Mais cela ne contredit pas la très grande disproportion.
9Pourtant, depuis un siècle, dans un certain nombre de pays, des géographes se revendiquant en tant que tels, le plus souvent universitaires, ont effectué des recherches très majoritairement ou exclusivement en limnologie, d’abord l’Allemand W. Halbfass (1901 et 1923) et le Japonais S. Yoshimura (1937 et 1976), puis l’Autrichien H. Löffler (1957), installé aux États-Unis, ou plus récemment le Suédois L. Håkanson (1981), sans compter les écoles géographiques russes, polonaises et roumaines favorisant un grand nombre de limnologues. Le géographe roumain P. Gâştescu en est l’exemple éminent, depuis ses publications des années 1960 jusqu’à la création par lui de l’Association de Limnogéographie en 2008.
10En France, un certain nombre de géographes avaient écrit sur les lacs, mais en marge de leur objet de recherche principal, par exemple le potamologue M. Pardé (1925), présentant le Léman pour mieux étudier le Rhône, le climatologue J. Loup (1971), intéressé par les microclimats lacustres, le karstologue J. Nicod (1978) à propos des poljés, les hydrologues J.-L. Edouard et H. Vivian (1984), ainsi que les géomorphologues J.-L. Peiry et A. Marnezy (2000), analysant l’effet des retenues hydroélectriques sur les modifications des débits, la rupture du continuum sédimentaire et la dynamique des lits fluviaux. Mais, malgré les voeux restés sans suite de J. Tricart (Juillard, 1951), le fait est que, avant 1992, aucun géographe français n’avait placé le lac et les autres plans d’eau stagnante, au sens de F.-A. Forel (1901), comme recherche exclusive, ni théorisé la limnologie en géographie, ni mis le plan d’eau, naturel ou artificiel, au coeur du fonctionnement hydrographique, comme un moteur et non comme un accident ou comme un perturbateur du réseau fluvial. C’est la mise en place de ce triple renversement, qui a conduit le géographe épistémologue N. Broc (2010) à considérer L. Touchart comme le refondateur de la géographie limnologique en France. Le troisième point du changement épistémologique, d’ailleurs contestable, mérite débat. Y a-t-il une différence entre un potamologue ou un géomorphologue fluviatile étudiant un lac ou un étang, et un limnologue étudiant un tributaire ou un émissaire fluvial ?
III. L’apport de la nouvelle géographie limnologique à la limnologie
A. L’apport des échelles spatio-temporelles à la limnologie
11La limnologie introduit certes parfois l’espace et le temps dans ses travaux, mais ces facteurs forment plutôt un outil de comparaison, d’identification (par exemple les sources de contaminants) ou d’illustration. La géographie limnologique les place, quant à elle, au centre de la réflexion et, par emboîtement d’échelles, structure sa démonstration à travers eux (Touchart, 2002).
1. Le plan d’eau dans l’espace
12J.A. Downing (2009) a récemment plaidé pour la prise en compte de l’échelle mondiale dans l’étude des plans d’eau, y compris les petits étangs piscicoles, s’appuyant sur le fait que leur très grand nombre associé à leur très forte productivité unitaire en faisait un piège à carbone à prendre en compte dans l’étude du changement global. Cela rehausse l’intérêt des travaux de géographes comme S.I. Rjanžin (2005) mettant au point des méthodes de décompte planétaire des plans d’eau.
13Une deuxième échelle est fournie par le territoire et la région. Le territoire de gestion administrative et politique sur lequel des problèmes de recensement des plans d’eau se posent et, plus encore de détermination de leur superficie par rapport à ce territoire, conduit les géographes à affiner (Bartout & Touchart, 2014) la notion par ailleurs bien connue (Penck, 1894, Halbfass, 1933, Domanickij et al., 1971, Meybeck 1995a et b, Downing & Duarte, 2009) de limnicité. La région lacustre offre quant à elle des gradients géographiques, étudiés par exemple dans les lacs du Jura du NO au SE pour les teneurs en métaux lourds (Nedjai, 2010, Nedjai et al., 2011).
14Une troisième échelle est représentée par le bassin versant situé à l’amont du plan d’eau et les distances d’impact de celui-ci sur l’aval.
15R. Nedjai (2010) a montré qu’une quatrième échelle, l’espace périlacustre, formait un écotone majeur pour la dynamique hydrosédimentaire des plans d’eau. Par l’estimation des flux de métaux lourds dans les lacs du Jura, il a montré la forte participation de ces espaces intermédiaires dans la régulation des flux et le contrôle des apports de versant. Cet effet tampon atténue les flux chimiques en basses eaux et les libèrent en hautes eaux. Se situant dans le débat entre les tenants de la production de matière organique d’origine interne (algues) et ceux partisans de l’origine exogène, il a montré que les espaces intermédiaires, ici pour la plupart tourbeux colonisés par des formations arbustives, provoquent la production de grosses quantités de matière organique par dégradation.
2. L’espace dans le plan d’eau
16À la stratification de chaque phénomène pris un par un (stratification thermique, photique, etc.), le géographe préfère l’intégration verticale de tous les processus pour construire la notion d’étagement (Wilhelm, 1960). La géographie limnologique met aussi en avant la répartition en plan des phénomènes en lac et en étang (Koff & Vandel, 2008, Touchart & Bouny, 2008) et finit d’intégrer les trois dimensions en séparant les volumes des masses d’eau internes au lac et à l’étang.
3. Les échelles temporelles dans la structuration spatiale
17Répondant au plan d’eau dans l’espace, la prise en compte du temps dans l’étude des sédiments lacustres, considérés comme des marqueurs, permet la reconstitution des paléo-environnements. Dans ce type d’études, la démarche la plus fréquente est celle d’équipes pluridisciplinaires auxquelles participent certains géographes (Arnaud et al., 2006, Millet et al., 2009). La géographie limnologie peut mener des travaux assez proches, en insistant sur les échelles spatio-temporelles et le rôle de l’Homme. R. Nedjai (2010) a ainsi distingué, par le calcul des rapports 206Pb/207Pb, l’origine naturelle et régionale des flux de plomb au début du XIXe siècle, puis l’augmentation des années 1970, à cause des émissions d’origine anthropique, en concordance avec les résultats de la bibliographie internationale (Shotyk et al., 1998, Bindler et al., 2001, Tylmann, 2005). Mais notre courant de recherche apporte aussi sa spécificité. Au lieu de considérer la répartition spatiale comme un phénomène secondaire ou montrant seulement une dispersion géographique, il lie les échelles temporelles à des gradients géographiques, par exemple, dans le Jura, celui qui fait croître les apports de métaux lourds avec la succession des lacs du sud-ouest vers le nord-est et l’augmentation de l’altitude.
18La prise en compte du temps dans l’étude des masses d’eau a permis à la géographie limnologique d’apporter aux typologies classiques (Hutchinson & Löffler, 1956, Paschalski, 1964, Lewis, 1983) la notion d’irrégularité interannuelle des mélanges de la colonne d’eau, en théorisant une classification plus complète de la micticité, c’est-à-dire des rythmes de brassage des plans d’eau (Touchart, 2002).
19Répondant à la structuration spatiale à l’intérieur du plan d’eau, la prise en compte du temps permet de mieux séparer le fonctionnement du lac, plan d’eau profond, et de l’étang, plan d’eau pelliculaire connaissant pourtant un étagement des phénomènes, mais à d’autres pas de temps que le lac, d’où l’enrichissement du vocabulaire limnologique par la géographie, notamment en créant le néologisme de métastagnion (Touchart, 2002 & 2007), couche de saut thermique (Richter, 1891) d’un étang, de durée plus longue qu’une thermocline éphémère superficielle (Horne & Goldman, 1994) mais plus courte que le métalimnion saisonnier d’un lac (Hutchinson, 1957).
B. L’irruption des sociétés humaines, présentes et passées, en limnologie
20La géographie limnologique, en fédérant des données économiques, juridiques, historiques, sociologiques, morphologiques, physico-chimiques, climatologiques, place la gestion des plans d’eau en but de ses études. Cela réclame une connaissance de la société, des acteurs et même de la culture. La géographie culturelle des lacs (Vernex, 1999) est sans doute le champ de recherche le plus enrichissant, car le plus éloigné, de la science dure qu’est habituellement la limnologie.
21Cela nécessite aussi un intérêt pour les liens entretenus dans le passé entre les sociétés humaines et les plans d’eau, dans une démarche paléo-environnementale élargie, où le patrimoine prend toute sa valeur (Nedjai, 2010).
IV. L’apport de la nouvelle géographie limnologique à la géographie
A. Un nouvel objet géographique : le plan d’eau, du lac à l’étang
22La géographie limnologique offre au champ de la géographie un nouvel objet, le plan d’eau, considéré comme toute masse d’eau stagnante, quelles que soient ses dimensions et son origine. Les géographes allemands avaient apporté le lac naturel, qui reste très majoritaire dans les études mondiales, par exemple canadiennes ou scandinaves. Les géographes soviétiques avaient suggéré de se pencher sur le lac de barrage artificiel (« programme de l’hydrologie géographique » de V.G. Gluškov, 1933, cité par Bogučarskov, 2004), puis en avaient fait un objet de recherche majeur (Avakjan et al., 1987). Le courant de recherche de la géographie limnologique française, sans négliger les objets précédents (Touchart, 1992 & 2012, Ishiguro, 2004, Maleval, 2006, Papon, 2007, Nedjai, 2010, Mathelin, 2013), a ajouté l’étang, au sens de plan d’eau de taille intermédiaire entre le lac et la mare et aux rythmes de brassage dominés par l’irrégularité interdiurne.
23Cette mise en avant de l’étang avait déjà été suggérée dans deux thèses d’État de la première moitié du XXe siècle, sur le Berry (Vacher, 1908) et le Limousin (Perpillou, 1940). Puis O. Balabanian et G. Bouet (1989) avaient appréhendé les étangs et les pêcheries sous un angle géographique, rappelant le rôle économique de ces retenues au sein des campagnes. Par la suite, les travaux de P. Bartout (2006, 2012) en Limousin ont permis de générer des typologies et des régionalisations grâce à la création d’un référentiel régional des plans d’eau. Appliqués à l’échelle de la France grâce à la mise au point d’un inventaire géoréférencé (Bartout & Touchart, 2013), ces travaux ont fait apparaître l’étendue de la place prise par les plans d’eau en France (plus de 550 000 unités de plus d’un are pour 450 000 ha en eau) et leur méconnaissance (seuls 34 000 sont officiellement identifiés au plan national et 456 gérés comme tels par les programmes des Agences de l’Eau), sources de multiples incohérences de gestion. Cette géographie statistique et fonctionnelle des plans d’eau s’accompagne d’une réflexion historique donnant naissance à des travaux de géographie lexicographique, réfléchissant au sens même de certains termes couramment utilisés en géographie, comme « étang », et leur évolution au cours de l’histoire, puisque les objets définis il y a quelques siècles ne correspondent plus aux délimitations actuelles (Bartout, 2006, Bartout & Bernard, 2007, Bernard, 2008, Bartout, 2011), en lien avec les travaux du Groupe d’Histoire des Zones Humides cofondé par le spécialiste français de la géographie des mares, B. Sajaloli (Tessier-Esminger & Sajaloli, 1997).
24Mettant en valeur les têtes de bassin (Lhéritier, 2012), la géographie limnologique française accompagne ainsi, et provoque même en partie, la remontée des recherches depuis le lac et le fleuve vers l’étang, la retenue collinaire et le ruisseau.
B. Le renouvellement de plusieurs concepts géographiques
25La géographie limnologique française contribue aussi au renouvellement de certains concepts de la géographie. Au système fluvial (Chorley, 1962) et à l’hydrosystème, diffusé en France par C. Amoros et G. Petts (1993) et l’école de géographie de J.-P. Bravard, s’était ajouté le limnosystème (Giannini, 1986, Jaquet, 1989), que les biologistes avaient créé à la suite de l’écosystème lacustre (Likens, 1985) pour signifier le lien réciproque entre le lac et son bassin versant. La géographie limnologique, en s’emparant de la définition du lac et de l’étang, a montré les interrelations entre l’amont et l’aval et les interfaces, et, surtout, a intégré les changements d’échelle dans le fonctionnement des écosystèmes lacustres (Rougerie, 1993). La taille minimale de l’espace capable d’influencer la structuration des masses d’eau à l’intérieur de chaque plan d’eau et, réciproquement, la taille maximale de l’espace influencé par le plan d’eau (distance d’influence dans l’émissaire, mésoclimat ou microclimat lacustre, remontée de certains organismes vivants dans les tributaires, etc.) ne sont pas à la même échelle. C’est pour conceptualiser et différencier ces relations systémiques en fonction des types de plan d’eau que L. Touchart (2007) a qualifié le lac de limnosystème de bassin, l’étang de limnosystème de versant, la mare de limnosystème dépendant.
26La géographie limnologique allemande avait la première adapté au lac la notion d’étagement (Wilhelm, 1960) utilisée classiquement pour la montagne. Le nouveau courant de recherche français a ajouté la notion de zonation des phénomènes dans le plan d’eau horizontal et, surtout, a intégré les trois dimensions dans la notion de cubement (Touchart, 2007), ou régionalisation limnique (Touchart, 2000). Outre la détermination de masses d’eau distinctes à l’intérieur d’un lac en fonction de certains critères, la démarche, aidée des outils géomatiques, permet de quantifier au plus près les volumes d’eau ou encore les calories.
27La géographie limnologique enrichit depuis une décennie la notion récente de territoire de l’eau (Bravard & Pourtier, 2003). Au plus près du terrain et de ses acteurs, elle étudie les relations entre eux et agit même directement, en apportant des réponses adaptées aux contraintes réglementaires croissantes pour les étangs, issues de la Directive-cadre Européenne sur l’Eau ou la Loi sur l’Eau et les Milieux Aquatiques. Elle se place ainsi résolument dans le lien entre les acteurs de l’eau et les territoires définis par R. Laganier et P.-G. Salvador (2001). La géographie limnologique tente d’éclairer le débat scientifique dans un cadre de vives polémiques entre les propriétaires et gestionnaires d’étangs, et parfois de lacs de barrage, les services de l’État, les fédérations de pêche, les associations écologistes, sur l’ensemble des sujets de dissensions (Touchart & Graffouillère, 2004) et, plus précisément, ledit trop grand nombre d’étangs (Bartout, 2006), le colmatage sédimentaire et le problème des vidanges (Maleval, 2002, Carlini, 2006), le réchauffement des eaux (Savy, 2006), les pratiques agricoles dans les régions d’étangs (Angéliaume-Descamps et al., 2007) ou encore les difficultés à classer les étangs en réserves naturelles pour eux-mêmes et non pour des raisons floristiques (Brunaud, 2007).
28Ainsi appréhendée, la géographie limnologique concentre son approche sur trois types de territoires : le plan d’eau lui-même, structuré en masses d’eau distinctes agissant dans une dépression fermée, conduisant à des propositions d’aménagement (activités générées, impacts de celles-ci, renforcement des berges, etc.) ; le bassin fluvial, étudié depuis les sources des tributaires jusqu’à la distance maximale d’effet du plan d’eau sur l’émissaire, en particulier concernant l’influence thermique et sédimentaire, en lien avec les aménagements techniques (systèmes de vidange, vannes, moines, dérivations sur les étangs et lacs de barrage, quais, ports sur les lacs naturels) ; le bassin de vie, par la compréhension des relations entre activités, modes de vie, rapidité des communications, révélatrices de changements plus ou moins accélérés des plans d’eau (Ardillier-Carras, 1997), que ce soit dans leur valorisation, leur forme, leur localisation ou bien même leur présence. Ces travaux ont donné lieu à la création d’indices territoriaux comme l’I.R.A (Indice de Renouvellement Annuel) en 2006 (Bartout) ou encore l’I.E.C (Indice d’Egale Concentration) et l’I.E.S (Indice d’Egale Superficie) en 2013 (Bartout & Touchart, 2014 - sous presse).
29La géographie limnologique procède ainsi de la gestion et de la politique de l’eau des lacs et des étangs sur un territoire donné, dans une optique théorisée de façon plus générale sur les territoires de l’eau (Ghiotti, 2007, Hellier et al., 2009).
V. Conclusion
30La géographie limnologique française, certes de taille modeste, forme un courant géographique commun et uni, plaçant le lac, l’étang, le limnosystème, l’aménagement des territoires d’eaux stagnantes, la structuration physique des échelles spatio-temporelles à l’extérieur et à l’intérieur du plan d’eau, la gestion des barrages artificiels et des étangs piscicoles par les sociétés, au centre de leurs recherches scientifiques. Comme tout courant de recherche, elle tente de s’appuyer sur une réflexion épistémologique et une mise en perspective de ses expérimentations et mesures inédites de terrain, se distinguant de la géographie fluviale, ainsi que de la limnologie en sciences exactes, dont les buts, l’étude critique et la portée ont été théorisés par W. Rhode (1972) et P.A. Jumars (1990).
31À la différence des autres géographes étudiant un lac ou un étang parmi de multiples riches préoccupations, les géographes limnologues français pensent le plan d’eau comme le but, et non un moyen, de leur recherche scientifique, comme l’objectif de leurs mesures de terrain, et non comme un indicateur utilisé pour mieux comprendre un autre terrain. Leur provocation épistémologique consiste à considérer le plan d’eau comme un possible moteur du réseau hydrographique et de l’économie régionale et non comme un systématique accident perturbateur.
32En tant que réalité objective, l’eau contenue dans les lacs naturels du monde représenterait 230 000 km3 selon R. Nace (1969), contre 1 200 km3, soit près de 200 fois moins, dans l’ensemble des cours d’eau de la planète (Wetzel, 2001). Le réseau hydrographique de grandes régions anciennement englacées est une succession de lacs naturels, les cours d’eau, hésitant entre les contrepentes, ayant le plus grand mal à les drainer. Ainsi, dans les plaines de la basse Yana et de l’Indighirka, la limnicité dépasse 50 % (Rakovskaja & Davydova, 2003). En outre, maints grands fleuves humanisés ont été transformés en chaînes de barrages artificiels, où les caractères fluviaux n’ont pas le temps de se rétablir avant l’entrée dans le lac suivant.
33En tant que choix subjectif, la démarche des géographes limnologues français consiste à carotter un plan d’eau pour estimer son comblement et sa durée de vie plus que pour déduire la dégradation spécifique des versants ou reconstituer les paléo-environnements régionaux, à mesurer sa stratification thermique pour comprendre ses rythmes et sa profondeur d’oxygénation plus que pour évaluer la potentialité d’autoépuration de son émissaire, à faire des propositions d’aménagement de ses plages lacustres touristiques, de son patrimoine de bondes et de pêcheries d’étang pour sa valorisation économique propre plus que pour diminuer ses impacts sur le système fluvial situé en aval.
34Le coeur de la pensée des géographes limnologues réside dans leur prédilection à étudier le lac ou l’étang en tant que système propre, en insistant sur son autonomie, « le complexe aquatique propre » de V.K. Lesnenko (1989), tandis que les autres géographes privilégient l’étude des plans d’eau dans leur intégration à la chaîne hydrographique, le plus souvent, d’ailleurs, dans un sens de rupture de celle-ci. Géographes limnologues et autres géographes savent bien entendu qu’un lac tient des deux à la fois, mais l’entrée dans la recherche est différente. Les conséquences n’en sont pas seulement théoriques, l’emboîtement des échelles est différent et la prise en compte des processus à l’intérieur du plan d’eau n’est pas la même. C’est pourquoi J. Loup (1974) présente l’étang comme un « lac tronqué », réduit à son seul épilimnion ou son seul littoral, tandis que L. Touchart (2007) montre que l’étang a un fonctionnement propre, car, à profondeur égale, une stratification se développe d’autant mieux que le plan d’eau a une petite superficie, opposant le processus de convection mécanique dominant en lac et celui de convection libre prépondérant en étang. Pour le géographe limnologue, en deçà de certains seuils de dimensions (environ 6 à 7 m, 100 ha, 1 million de mètres cubes), les limnosystèmes propres du lac et de l’étang se différencient fondamentalement.
35Tout en cultivant sa spécificité, la géographie limnologique française est ouverte en direction d’autres courants de géographie ayant un objet, par exemple la mare, et une démarche, par exemple géohistorique, proches mais différents. Elle s’associe également avec les limnologues non géographes aux méthodes de sciences exactes, pour un certain nombre de réalisations communes.
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