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- Nouveaux taxons pour la Kabylie dans le bassin de l’oued Sahel (Djurdjura / Bibans, Algérie du nord)
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Nouveaux taxons pour la Kabylie dans le bassin de l’oued Sahel (Djurdjura / Bibans, Algérie du nord)
New taxa for Kabylia in the oued Sahel basin(Djurdjura / Bibans, North Algeria)
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original pdf fileRésumé
Dans l’objectif d’actualiser les connaissances sur le patrimoine naturel, une étude a été réalisée sur la végétation de la vallée d’Oued Sahel (Nord Algérien), un secteur de Kabylie qui est très peu étudié. L’échantillonnage de la flore a révélé l’existence de trois espèces nouvelles pour la flore de la Kabylie, secteur Djurdjura / Bibans (Dipcadi serotinum, Silybum eburneum, Cyperus laevigatus subsp. distachyos) et cinq taxons redécouverts pour la zone d’étude (Silene muscipula subsp. muscipula, Platycapnos tenuiloba, Deverra scoparia subsp. scoparia, Juncus subulatus, Cistanche phelypaea s.l.). L’habitat de ces espèces est menacé par les activités humaines, comme le pâturage et le pompage intensif de l’eau. Ces découvertes enrichissent la flore d’Oued Sahel en particulier et celle de la Kabylie du Djurdjura et des Bibans en général, deux secteurs déjà reconnus comme zones clés de biodiversité (Zones Importantes pour les Plantes).
Abstract
With the aim of updating our knowledge of our natural heritage, a study was carried out on the vegetation of the Oued Sahel valley (North Algerian), an area of Kabylia that is little studied. The sampling of the flora revealed the existence of three new species for the flora of Kabylia, sector of Djurdjura/ Bibans (Dipcadi serotinum, Silybum eburneum, Cyperus laevigatus subsp. distachyos) and five taxa rediscovered for the study area (Silene muscipula subsp. muscipula, Platycapnos tenuiloba, Deverra scoparia subsp. scoparia, Juncus subulatus, Cistanche phelypaea s.l.). The habitat of these species is threatened by human activities, such as grazing and intensive water pumping. These discoveries enrich the flora of Oued Sahel in particular and that of Djurdjura and Bibans’ Kabylia in general; two sectors already recognized as key biodiversity areas (Important Plants Areas).
Table of content
1Manuscrit reçu le 16 octobre 2023 et accepté le 10 janvier 2024
2Article publié selon les termes et les conditions de la licence Creative Commons CC-BY 4.0
1. Introduction
La connaissance, la caractérisation, la classification et la conservation des différents taxons sont une priorité scientifique mondiale pour l’évaluation et la gestion de la biodiversité (Cotterill, 1995). Les efforts consentis pour l’étude de la flore sont très importants pour connaître les grands traits biologiques des plantes (Lavergne et al., 2005). Cependant certains aspects concernant la biologie, la taxonomique et l'écologie d'un grand nombre d'espèces sont encore méconnus (Pyšek et al., 2008).
La région méditerranéenne est mondialement reconnue comme l’un des principaux points chauds « hotspots » de biodiversité végétale (Médail & Quézel, 1997), et est considérée comme le troisième « hotspot » le plus riche du monde en biodiversité végétale (Myers et al., 2000). Le bassin méditerranéen est composé d’une douzaine de hotspots régionaux pour la flore vasculaire (Médail & Quézel, 1997 ; Véla & Benhouhou, 2007 ; Véla, 2017) dont deux sont partiellement ou entièrement localisés en Algérie (respectivement l’arc bétco-rifain à l’ouest et l’ensemble Kabylies-Numidie-Kroumirie à l’est). L’Algérie comme toute la région de l’Afrique du Nord connait constamment de nouvelles découvertes floristiques (Crespo et al., 2016). C’est le cas de la récente découverte d’espèces nouvelles pour la flore d’Afrique du Nord : les orchidées Cypripedium calceolus L. au Djurdjura (Nemer et al., 2019) et Epipactis microphylla (Ehrh.) Sw. au mont Babor (Bougaham et al., 2020), la fougère Christella dentata Forssk. en Petite Kabylie (Rebbas et al., 2019), les endémiques tyrrhéniennes Soleirolia soleirolii (Req.) Dandy dans la peninsule d’Edough (Hamel & Boulemtafes, 2017) et Leucojum aestivum subsp. pulchellum (Salisb.) Briq. dans le Filfila voisin.
3La Kabylie du Djurdjura est un ensemble naturel bien délimité par l’oued Soummam / Oued Sahel à l’est et au sud, l’Oued Isser / Oued Djemaa à l’ouest, et la mer au nord (Debeaux, 1894 ; Meddour, 2010). Elle est connue pour sa grande diversité floristique et une richesse particulière en taxons endémiques et sub-endémiques (Quézel, 1956 ; Quézel & Santa, 1962-1963 ; Véla & Benhouhou, 2007). Elle comporte plusieurs zones importantes pour les plantes (ZIP), à savoir le parc national de Gouraya, la forêt d’Akfadou, le parc national de Djurdjura, qui est frontalier avec celle des Bibans (Yahi et al., 2012 ; Benhouhou et al., 2018).
4Parmi les territoires de la Kabylie, le bassin versant de l’Oued Sahel et de ses affluents (wilayas de Bejaia et de Bouira) est à cheval sur la Kabylie du Djurdura rive gauche, et la Kabylie des Bibans rive droite. Il traverse une vallée au climat rendu aride par l’effet de Foehn des imposantes montagnes du Djurdjura, 427 mm/an à Tazmalt contre 848 mm/an à Tizi-Ouzou pour une altitude équivalente (A.N.R.H., 1993). Ce secteur est connu de longue date pour être très intéressant sur le plan floristique, riche d’une grande quantité d’espèces steppiques en limite d’aire ou en disjonction d’aire : Meddour (2010) recense 18 espèces à affinités steppiques remarquables. Malgré l’importance de ce secteur pour la biodiversité, riche d’une mosaïque de zones humides (cours d’eau et ripisylves) et de zones arides (steppes méditerranéennes, cultures vivrières non irriguées), aucune étude n’a été realisée récemment. Les études floristiques effectuées dans cette zone sont assez anciennes (Letourneux, 1893 ; Debeaux, 1894 ; Quézel, 1956 ; Quézel & Santa, 1962-1963).
5Dans le but de réaliser un inventaire sur la flore riveraine et des milieux mitoyens du bassin de l’Oued Sahel, nous avons réalisé une campagne d’inventaires systématiques sur plusieurs années (Toumi et al., in prep.). Les observations qui nous ont parues les plus importantes sont relatées ici et leur intérêt est détaillé pour être mis en valeur dans la plannification et la gestion conservatoire des sites concernés.
2. Matériels et méthodes
2.1. Site d’étude
6La vallée de l’Oued Sahel fait partie de la Kabylie, à cheval sur les wilayas de Bouira (en amont depuis la source) et de Béjaia (en aval jusqu’à la confluence avec l’Oued Bousellam), qui est localisée au nord de l’Algérie à l’est de la capitale Alger (figure 1). L’Oued Lakehal / Eddous / Sahel / Soummam (il change de nom d’amont en aval) est l’un des principaux fleuves de la Kabylie, il draine les eaux pluviales du Djurdjura méridional et des Bibans occidentaux vers Akbou, où sa confluence avec l’Oued Boussellam forment l’Oued Soummam qui rejoint la Méditerranée au niveau de la ville de Bejaia.
Figure 1 : Carte de localisation et géographie du bassin de l’Oued Soummam (en haut) et de la zone d’étude, le sous-bassin de l’Oued Edous/Sahel (en bas).
7Cette étude a concerné l’Oued Sahel lui-même, ses affluents dont le principal en rive droite est l’Oued Azrou ou Mehir (ancien nom), et ses deux branches principales l’Oued Eddous / Lakehal et l’Oued Zaiane. Au nord le Djurdjura est une chaîne calcaire (Duplan, 1952) au sud, les chainons des Bibans sont des plissements de roches sédimentaies de type marnes et calcaires (Bennabi, 1985), entre eux la vallée se caractérise par un fond plat d’orientation générale SO-NE, constituée par les alluvions quaternaires de l’oued Sahel (Lamari, 2015).
8Les précipitations moyennes annuelles au niveau de la zone d’étude varient entre 306 mm et 516 mm par an, enregistrées respectivement par les stations de Bordj Bou-Arreridj et de Bouira (O.N.M., 1992-2016). En outre, les températures maximales du mois le plus chaud oscillent entre 35,8°C et de 37,0 °C, et celles des minima du mois le plus froid varie entre 2,2°C et 4°C. Le bioclimat varie de type méditerranéen semi-aride avec hiver frais (sensu Emberger, 1955) à aride avec hiver tempéré (sensu Emberger, 1955).
9L’ensemble du Tell algérien appartient au domaine méditerranéen nord-africain (Quézel, 1978), qui comprend plusieurs secteurs, eux-même subdivisés en districts. Toute la partie sud de la Kabylie de Djurdjura, appartient au secteur du Tell constantinois et au district (sous-secteur) des collines du Tell constantinois alias C1 (Maire, 1926 ; Quézel & Santa, 1962-1963 ; Meddour, 2010). Un échantillonnage systématique a été effectué dans divers groupements végétaux du site d’étude.
10L’identification du matériel végétal récolté s’appuie sur les ouvrages de Battandier (1888-1890), Letourneux (1893), Debeaux (1894), Battandier & Trabut (1895), Maire (1952-1987) et Quézel & Santa (1962-1963). La nomenclature retenue a été actualisée selon Dobignard & Chatelain (2010-2013) et l’African Plant Database (APD, 2021). Les taxons relevés ont été renseignés par leur type chorologique et par leur type biologique au sens de Raunkiaer (1934), d’après les flores et bases de données de Pignatti (1982), Jeanmonod & Gamisans (2013), Fennane et al. (1999, 2007, 2014), Euro+Med Plant Base (2006-2021). À l’issue de ce processus, les observations jugées les plus intéressantes ont été partagées sur la plateforme iNaturalist (www.inaturalist.org) et furent ainsi soumises à la critique et à l’aide des nombreux experts nationaux et internationaux afin d’arriver à un consensus ou de le consolider. Quelques spécimens de ces plantes ont été récoltés et déposés dans l’herbier du laboratoire de gestion et valorisation des ressources naturelles et assurance qualité de l’université de Bouira.
3. Résultats et discussion
11L’étude, réalisée entre 2019 et 2022 dans différentes formations végétales du site d’étude (Vallée d’Oued Sahel), a permis d’échantillonner trois nouveaux taxons pour la région de la Kabylie et cinq espèces rédecouvertes dans la zone d’étude après une longue période sans aucun signalement. Nous présentons ici ces taxons, leur taxonomie, leur écologie et leur chorologie.
3.1. Les nouveaux taxons pour la zone d’étude
3.1.1. Dipcadi serotinum (L.) Medik.
≡ Hyacinthus serotinus L.
12Cette géophyte de la famille des Hyacinthaceae n’a jamais été signalée auparavant dans la région de la Kabylie de Djurdjura (Battandier & Trabut, 1884 ; Battandier & Trabut, 1895 Letourneux, 1893 ; Debeaux, 1894 ; Quézel & Santa, 1962-1963 ; Meddour, 2010). Ce taxon a été signalé par Quézel & Santa (1962-1963) en Algérie dans le Tell (Nord du pays) occidental, les hauts plateaux et dans l’Atlas Saharien, mais jamais dans le Tell oriental (secteurs K1-K2-K3, C1-C2).
13Cette espèce a été échantillonnée dans deux de nos relevés. La première fois le 6 avril 2020 dans la localité d’At Vouali à Oued Sahel (4°19'39.08"E, 36°20'29.13"N) avec seulement deux pieds à 380 m d’altitude (figure 2). Un autre individu a été observé non loin du premier. Les espèces accompagnatrices sont surtout des espèces à affinités steppiques méditerranéennes, dont plusieurs endémiques du Maghreb* [Artemisia herba-alba Asso ; *Astragalus armatus subsp. numidicus (Coss. & Durieu ex Murb.) Tietz ; *Ebenus pinnata Aiton ; *Echinops spinosus subsp. bovei (Boiss.) Maire ; Eryngium campestre L. ; Ferulago lutea (Poir.) Grande ; Datura stramonium L. subsp. stramonium. ; Lobularia maritima (L.) Desv. subsp. maritima ; Lysimachia arvensis (L.) U. Manns & Anderb.; Marrubium alysson L. ; Marrubium vulgare L. ; *Moricandia suffruticosa (Desf.) Coss. & Durieu ; Phagnalon saxatile (L.) Cass. ; Plantago albicans L. ; Plantago lagopus L. ; Reichardia tingitana (L.) Roth ; Reseda alba L. ; Retama sphaerocarpa (L.) Boiss. ; Rosmarinus eriocalyx Jord. & Fourr.; *Thymus ciliatus Desf. var. intermedius Batt.]
Figure 2 : Dipcadi serotinum (L.) Medik., récolté en fleur et en fruit, le 6 avril 2020 à Ath Vouali, Oued Sahel (Photos Toumi, 2020).
14La répartition géographique de cette espèce est ouest-méditerranéenne. Elle est indiquée en Algérie, en Tunisie, en Libye, au Maroc, en Espagne et en France (Dobignard & Chatelain, 2010-2013 ; Euro+Med, 2006), tandis qu’il a été signalé en ex-Yougoslavie dans Euro+Med Plant Base à la suite de la WCSP 2010
(https://ww2.bgbm.org/EuroPlusMed/PTaxonDetailOccurrence.asp?NameId=20137&PTRefFk=8000000),
15erreur corrigée depuis dans Plants Of the World Online :
(https://powo.science.kew.org/taxon/urn:lsid:ipni.org:names:533990-1#distributions).
16De plus, la taxonomie est encore confuse, du fait de l’existence d’un autre taxon proche, tantôt considéré comme espèce D. fulvum (Cav.) Webb et Berthel., sous-espèce D. serotinum subsp. fulvum (Cav.) K.Richt., ou variété D. serotinum var. fulvum (Cav.) Ball. (Véla & Mostari, 2013).
17La distribution précise de cette espèce en Algérie est difficile à connaître, tant les flores anciennes (Munby, 1866 ; Battandier & Trabut, 1895 ; Quézel & Santa, 1962) manquent de précision à son égard, la jugeant « assez rare » puis « commune » à l’ouest (Oranie, littoral à l’ouest d’Alger) et au sud (Hautes Plaines, Atlas saharien). C’est sans surprise cette même distribution qui ressort en consultant les planches d’herbier déposées à l’herbier P :(https://science.mnhn.fr/institution/mnhn/collection/p/item/list?specificEpithet=serotinum§eur=AFN&genus=Dipcadi)
18avec les localités (et wilayas) de Mostaganem, Sig et Oran (Oran), Nemours et Tlemcen (Tlemcen), Sidi Bel-Abbès, Saïda, Founassa et Moghtar Tahtani (Naâma), Laghouat, Ghardaïa, Beni Moza et Biskra (Biskra), Bou Ismail et Cherchell (Tipaza), Negrine (Tebessa), Oued Bir et Chegga (Médéa ? Biskra ?). À cela s’ajoute la confusion taxonmique historique et les difficultés à identifier à postériori sur herbier. Des données récentes partagées sur la plateforme iNaturalist :
(https://www.inaturalist.org/observations/121631365)
19confirment partiellement cette distribution et la précisent même un peu la situation dans les environs de notre zone d’étude. On peut notamment signaler d’autres stations observées par certains d’entre nous (K. Rebbas et/ou E. Véla) : dans la zone d’étude d’étude entre El Mehir et Hammam Bibans mais en dehors du lit de la rivière :
20(https://www.inaturalist.org/observations/73527558), et au-delà de notre zone d’étude, plus au sud (dépression du Hodna), plus à l’est (Hautes Plaines sétifo-constantinoises), ou plus en aval rive droite de la Soummam (base sud-ouest du Djebel Gueldamane ; entre Takrietz et Seddouk).
21La présence de cette espèce dans notre zone d’étude peut donc s’expliquer par la pénétration naturelle des écosystèmes steppiques par le seuil des Portes de Fer (Bibans) et ce, jusqu’au fond de vallée aride de l’Oued Sahel puis de l’Oued Soummam. Quant à sa découverte récente malgré sa relative fréquence, on peut l’expliquer par le manque de prospection, surtout en rive droite de la vallée (cf. Véla, Véla Ouzzani, Mesbah & Rebbas, in prep.).
3.1.2. Silybum eburneum Coss. & Durieu
22Cette espèce de la famille des Asteraceae est originaire du bassin méditerranéen occidental. Elle est présente en Espagne, Maroc, Algérie, et Tunisie (Dobignard & Chatelain, 2010-2013 ; Euro+Med, 2006). Nous avons récolté ce taxon dans deux relevés : 1/ au niveau de la localité d’El Mehir (Kabylie des Bibans), le 27 mars 2020 à 530 m d’altitude avec deux individus seulement sur une ripisylve à Tamarix africana Poir., (4°22'23.67"E 36°07'41.35"N) (Figure 3) ; 2/ au niveau de la localité les berges de l‘oued Zaiane (commune de Ouer Berdi), le 29 mars 2023 à 526 m d’altitude, (3°56’47.93"E 36°14’15.65"N).
Figure 3 : Spécimen de Silybum eburneum Coss. & Durieu, relevé en mars 2020 à El Mehir sur l’Oued Azrou (Photos Toumi, 2020).
23D’après Quézel & Santa (1962-1963), l’espèce est très commune dans la steppe, les pâturages sablonneux et les lieux un peu humides des Hautes Plaines, et de l’Atlas Saharien au sud. Munby (1866), Battandier (1890), et Quézel & Santa (1962-1963), n’ont pas mentionné ce taxon dans le Tell algérien. En outre, Letourneux (1893), Debeaux, (1894) et Meddour (2010) ne le donnent pas pour la Kabylie du Djurdjura. Une observation récente de l’un de nous (K. Rebbas, https://www.inaturalist.org/observations/65753497) plus au sud, confirme le col de Hammam Delaa comme un point de passage naturel vers la vallée aride des Portes de Fer (Bibans).
24Le relevé floristique contenant l’espèce à El Mehir comporte les taxons d’affinité steppiques voire halorésistants* suivants : Artemisia herba-alba Asso ; Asparagus horridus L. ; *Atriplex halimus L. ; Calendula arvensis L. var. bicolor Batt. ; Carthamus lanatus subsp. baeticus (Boiss. et Reuter.) Nyman. ; Cistanche phelypaea (L.) Cout. sensu lato ; Galactites tomentosus Moench.; Lysimachia arvensis (L.) U. Manns & Anderb. ; Plantago afra L. ; Rumex vesicarius L.; * Suaeda vera Forssk. ex J.F. Gmel.; Thapsia garganica L. ; *Tamarix africana Poir. ; *Thymelaea hirsuta Endl.
3.1.3. Cyperus laevigatus subsp. distachyos (All.) Ball.
≡ Cyperus laevigatus subsp.distachyos (All.) K. Richt. (1890).
≡ Cyperus laevigatus subsp. distachyos (All.) Maire & Weiller (1957).
≡ Cyperus distachyos All. (1789).
25Nous avons observé Cyperus laevigatus subsp. distachyos (All.) Ball. dans deux relevés effectués dans l’Oued Zaiane, qui est l’une des principales branches de l’Oued Sahel, quatre individus ont été observés la première fois au niveau de la localité d’El Hachimia au sud de Bouira (3°56'47.93"E 36°14'15.65"N) à une altitude de 526 m, le 9 avril 2020, la deuxième observation compte plus de quinze individus, c’est un peu plus en aval, aux environs d’El Asnam (3°58'41.42"E 36°18'01.87"N), le 30 mars 2023 à 465 m d’altitude (Figure 4).
Figure 4 : Cyperus laevigatus subsp. distachyos (All.) Ball., photographié le 30 mars 2023 à El Asnam dans l’oued Zaiane (Photos R.Toumi).
26Cette hémicryptophyte commune dans les milieux humides (Battandier & Trabut, 1902), n’avait pas été signalée en Kabylie de Djurdjura par Debeaux (1894), Battandier & Trabut (1895), ni Meddour (2010), même si Maire (1952-1987) et Quézel & Santa (1962-1963) l’indiquent commune dans les lieux humides en Algérie, du littoral jusqu’au Sahara, sa présence sur notre région d’étude n’est donc pas surprenante et reflète juste un manque de prospection historique, notamment en rive droite (sous-secteur des Bibans).
27La répartition géographique de cette espèce est méditerranéenne et irano-anatolienne (https://powo.science.kew.org/taxon/urn:lsid:ipni.org:names:77189095-1). Elle est présente dans tous les pays mediterranéens (Dobignard & Chatelain, 2010-2013 ; Euro+Med, 2006).
28Les espèces accompagnatrices sont des rudérales ou des hélophytes* voire hydrophytes** : Apium graveolens L. ; Bryonia dioica Jacq. ; Dittrichia viscosa (L.) Greuter, ; Echinops spinosus subsp. bovei (Boiss.) Maire ; Eryngium campestre L. ; Galactites tomentosus Moench ; **Helosciadium nodiflorum Lag. ; *Juncus bufonius L. subsp. bufonius ; *Juncus subulatus Forssk. ; *Mentha rotundifolia L. ; Moricandia suffruticosa (Desf.) Coss. & Durieu ; Nerium oleander L. ; Onopordum macracanthum Schousb. ; *Phragmites australis (Cav.) Trin. ex Steud.; Scirpus holoschoenus L. ; Scorpiurus muricatus var. sulcatus (L.) Thell. ; Sonchus maritimus L. ; Silybum marianum (L.) Gaertn ; Silene fuscata Link ; Tamarix africana Poir.
3.2. Les espèces redécouvertes dans l’Oued Sahel
3.2.1. Silene muscipula L. subsp. muscipula
29Ce taxon appartient à la famille des Caryophyllaceae, signalé « commun » d’ouest en est dans le Tell et les hauts plateaux en Algérie (Munby, 1866 ; Quézel & Santa, 1962-1963), tandis que Battandier (1888-1890) le disait plutôt « rare » un peu partout dans le Tell.
30C’est une thérophyte à barycentre ouest méditerrannéen, s’installant dans les champs de créréales de basse altitude en Europe (Pignatti, 1982) mais d’écologie plus variée et moins synanthropique au Maghreb : « forêts claires, pâturages pierreux, champs et cultures des plaines et des montagnes » (Maire, 1963). Elle est indiquée en Algérie, Maroc, Tunisie, Espagne, Portugal, Italie et Grèce d’une part et aussi en Syrie, Liban, Israel et Palestine d’autre part (Euro+ Med, 2006 ; POWO, 2023).
31En Kabylie, cette espèce a été indiquée en plusieurs points, dont Draa el-Mizan (Letourneux, 1893 ; Debeaux, 1894) mais aussi à Oued Sahel et à Akbou par Letourneux (1893). Par contre, Debeaux (1894), Quézel (1956) et Meddour (2010), ne la signalent pas dans notre zone d’étude.
32Silene muscipula L. subsp. muscipula figure dans un seul de nos relevés (Figure 5). Ce relevé est réalisé dans la station d’Akbou à 174 m d’altitude (4°32'03.27"E 36°25'48.91"N), le 30 mars 2020 avec deux individus en compagnie des taxons rudéraux et/ou substeppiques suivants : Amaranthus albus L. ; Moricandia suffruticosa (Desf.) Coss. & Durieu ; Chenopodium opulifolium Schrad. ex W.D.J. Koch & Ziz ; Medicago polymorpha L. ; Melilotus sicula (Turra) B.D. Jacks. ; Malva multiflora Cav. ; Plantago lagopus L. ; Bromus rigidus subsp. maximus (Desf.) Rothm. & P. Silva ; Cynodon dactylon (L.) Pers. ; Phalaris paradoxa L. ; Reseda alba L. ; Dittrichia viscosa (L.) Greuter ; Silybum marianum (L.) Gaertn ; Glebionis coronaria (L.) Spach; Sinapis alba L. subsp. alba ; Hordeum murinum L. sensu lato ; Polygonum aviculare L. ; Rumex crispus L. subsp. crispus. Nous la connaissons aussi (E.Véla) plus en aval en rive droite de la Soummam, au dessus d’Akhenaq près de Seddouk et au piémont sud de l’Adrar n’Gueldamane près d’Akbou. Il s’agit donc d’une confirmation, 130 ans après, du maintien dynamique de cette espèce annuelle en Kabylie, notamment en divers points de la vallée de l’oued Sahel / oued Sommam.
Figure 5 : Spécimen de Silene muscipula L. subsp. muscipula, recensé le 30 mars 2020 à Akbou le long de l’Oued Sahel (Photos Toumi, 2020).
3.2.2. Platycapnos tenuiloba Pomel subsp. tenuiloba
≡ Platycapnos spicata var. tenuiloba (Pomel) Batt. (1888).
= Platycapnos grandiflora Rouy (1883)
33Platycapnos tenuiloba Pomel est une thérophyte de la famille des Papaveraceae. Sa distribution géographique est limitée à l’Algérie, au Maroc, à l’Espagne et à la France (Dobignard & Chatelain, 2010-2013 ; Euro+ Med, 2006 ; POWO, 2023). Munby en 1866 ne mentionne pas encore cette espèce car c’est seulement Pomel (1874) qui la décrivit comme nouvelle dans les friches et cultures à Garrouban et Mazis (environs de Tlemcen). Battandier (1888-1890) en fait une variété de l’espèce voisine P. spicata (L.) Bernh., et la donne d’ores et déjà présente dans les Hauts-Plataux oranais (Mécheria, Mascara, etc.) et à Djelfa (Atlas saharien). Malheureusement Maire (1963) la dégrade au rang de forme ce qui contribue à accentuer la confusion. Quézel & Santa (1962-1963) ne retiennent pas la variété, ne la mentionne même pas en synonymie, et le taxon tombe provisoirement dans l’oubli. C‘est Liden (1986a ; 1986b) qui rétabliera l’espèce et décrira même une nouvelle sous-espèce andalouse (subsp. parallela Lidén), faisant du type ibéro-maghrébin la subsp. tenuiloba.
34Cette plante n’a pas été signalée dans la région de la Kabylie de Djurdjura en particulier (Letourneux, 1893 ; Debeaux, 1894 ; Meddour, 2010), ni du Tell en général (Battandier 1888-1890 ; Quézel & Santa 1962-1963 ; Maire 1963). Quant à Liden (1986a), il mentionne sa présence surtout dans les provinces d’Alger, d’Oran, Monts de Tlemcen, hauts plateaux et Atlas saharien, et un point un peu isolé figure sur sa carte (cf. fig. 35) justement à l’emplacement des Bibans. Malheureusement son travail ne mentionne pas la liste détaillée des spécimens consultés.
35Ce taxon a été observé dans un seul relevé avec trois individus, le 20 avril 2020 au niveau de la station d’El Adjiba (Oued Sahel) à 366 m d’altitude (4°09'48.49"E 36°19'53.64"N) (Figure 6). La plante se trouvait dans une clairière à la limite d’une ripisylve à Tamarix africana Poir. Sur le lit majeur de la rive gauche de l’Oued Sahel, non loin d’un champ agricole, en compagnie d’espèces suivantes : Conium maculatum L. ; Ferula communis L.; Magydaris pastinacea (Lamk.) Paol. ; Smyrnium olusatrum L. ; Silybum marianum (L.) Gaertn ; Centaurea calcitrapa L. ; Carduus pycnocephalus L.subsp.eu-pycnocephalus M. ; Sinapis alba L. subsp. alba Briq. ; Convolvulus arvensis L. ; Bryonia dioica Jacq. ; Geranium dissectum L. ; Malva sylvestris L. ; Plantago lanceolata L. subsp. lanceolata ; Hordeum murinum L. ; Polypogon monspeliensis (L.) Desf. ; Galium aparine L ; Xanthium strumarium L.; Cynoglossum creticum Mill.; Echium austral Lam ; Rumex crispus L. subsp. crispus ; Tamarix africana Poir.
Figure 6 : Spécimen de Platycapnos tenuiloba Pomel subsp. tenuiloba, relevé le 20 avril 2020 à El Adjiba au bord de l’Oued Sahel (Photos Toumi, 2020).
3.2.3. Deverra scoparia Coss. & Durieu subsp. scoparia
≡ Pituranthos scoparius (Coss. et Durieu) Benth. & Hook. ex Schinz (1894).
36Cette plante est une chaméphyte de la famille des Apiaceae. C’est une endémique Nord-Ouest africaine, présente en Tunisie, Algérie, Maroc et Mauritanie (Dobignard & Chatelain, 2010-2013 ; Euro+ Med, 2006 ; POWO, 2023).
37Cette espèce figure dans huit de nos relevés. Elle a été observée la dernière fois le premier novembre 2022 dans la localité d’At Vouali (4°19'39.08"E 36°20'29.13"N) à une altitude de 380 m avec plus de 30 pieds (Figure 7).
Figure 7 : Deverra scoparia Coss. & Durieu subsp. scoparia, récolté le 1er novembre 2022 à Ath Vouali dans l’Oued Sahel (Photos Toumi, 2022).
38Pituranthos scoparius (Coss. et Dur.) Benth. & Hook subsp. scoparia se trouvait sur le lit majeur de l’Oued Sahel et sur quelques-uns de ses affluents, comme dans la partie amont de l’Oued Zaiane et le long de l’Oued Azrou. Le substrat est composé de sable grossier et de galets avec une végétation clairsemée, proche des formations steppiques, les espèces qui partagent cet habitat sont un mélange de plantes souvent d’affinité steppique* : Lobularia maritima (L.) Desv. subsp. maritima ; Scrophularia canina L. ; Datura stramonium L. subsp. stramonium ; Echinops bovei Boiss. ; Carthamus lanatus L. subsp. baeticus (B. et R.) M. ; *Rosmarinus eriocalyx Jord. ; *Retama sphaerocarpa (L.) Boiss.; Tamarix africana Poir. ; Eryngium campestre L. ; *Artemisia herba-alba Asso ; Reichardia tingitana (L.) Roth ; *Ebenus pinnata Aiton ; Marrubium alysson L. ; Marrubium vulgare L. ; *Plantago albicans L.; Reseda alba L. ; Reseda phyteuma L. subsp. phyteuma Maire.
39Ce taxon a été signalé par Munby (1866) comme assez rare dans la région des hauts plateaux et le Sahara ainsi que la province de Constantine, et Battandier (1888-1890) donne quelques précisions avec les Bibans, Aïn Sefra et Biskra. Letourneux (1893) est le premier à l’observer plus précisément en Kabylie dans les alluvions de l’Oued Sahel près d’Akbou. Cependant, Debeaux (1894), Quézel & Santa (1962-1963) et Meddour (2010), ne l’indiquent pas en Kabylie de Djudjura, à l’évidence par négligence. Il s’agit donc d’une confirmation de sa persistance à long terme, 130 après sa première observation.
3.2.4. Juncus subulatus Forssk.
≡ Juncus multiflorus Desf. (1798)
40Cette géophyte à rhizome allongé des étangs salés fait partie de la famille des Juncaceae de répartition sténoméditerranéenne (Jeanmonod & Gamisans, 2013) à prolongement irano-anatolien (POWO, 2023). C’est une plante des marais et bords des eaux, commune dans le Tell, les Hauts Plateaux et l’Atlas Saharien (Quézel & Santa, 1962-1963). Munby (1866) la disait assez commune dans les 3 régions, Battandier & Trabut (1895) la signalent dans les marais sur le littoral et de l'intérieur (Khreider, Laghouat, Aïn-M'lila, etc.).
41La plante se trouvait directement sur la berge du lit mineur des cours d’eau, elle est observée à l’Oued Sahel dans la localité d’Ahnif et dans plusieurs endroits dans l’un de ses affluents qui longeait les localités d’El Hchimia, El Asnam et d’EL Adjiba. Cette espèce a été observée dans six relevés avec plus de 25 individus. Elle a été recensée la première fois le 14 avril 2020 à Ahnif à une altitude de 317m (Figure 8), coordonées 4°15'13.85"E, 36°20'25.13"N.
Figure 8 : Spécimen de Juncus subulatus Forssk, relevé le 09 avril 2020 à El Hachimia, sur la rive gauche de l’Oued Zaiane (Photos R.Toumi).
42Les espèces accompagnatices sont surtout des hygrophiles*, voire des hélophytes** ou des hydrophytes*** : *Apium graveolens L. ; Eryngium campestre L. ; ***Helosciadium nodiflorum Lag. ; *Aster squamatus Hier.; Filago pygmaea L. ; *Sonchus maritimus L. ; Dittrichia viscosa (L.) Greuter ; Moricandia suffruticosa (Desf.) Coss. & Durieu ; Silene fuscata Link ; *Scirpus holoschoenus L. ; *Cyperus laevigatus subsp. distachyos (All.) K. Richt. ; Onobrychis caput-galli (L.) Lam. ; Scorpiurus muricatus var. sulcatus (L.) Thell. ; **Juncus bufonius L. subsp. bufonius ; *Tamarix africana Poir. ; *Tamarix gallica L. ; *Nerium oleander L. ; **Phragmites australis (Cav.) Trin. ex Steud. ; **Typha angustifolia subsp. domingensis (Pers.) Rohrb.
43En Kabylie du Djurdjura, Letourneux (1893) le dit commun dans les prairies marécageuses mais ne donne qu’une localité, dans le Haut Sebaou chez lez Aït Idjer, « etc. » (sic !), seule localité reprise par Debeaux (1894). Elle n’a donc jamais été indiquée dans l’Oued Sahel (Meddour, 2010). On peut donc supposer qu’il s’agit d’une station nouvelle par manque de prospection historique et/ou d’une apparition / expansion récente.
3.2.5. Cistanche phelypaea (L.) Cout., sensu lato
44Ce complexe d’espèces de la famille des Orobanchaceae est originaire du bassin méditerranéen méridional et de la zone saharo-arabique (APD, 2023 ; POWO, 2023). La taxonomie n’est pas encore résolue, c’est pourquoi nous restons sur une vision élargie de C. phelypaea s.l., englobant C. lutea (Desf.) Hoffmanns. & Link. La synthèse récente d’Attioui et al. (2022) suggère que plusieurs taxons cryptiques demeurent non nommés, dont un spécifiquement parasite de la grande arroche (Atriplex halimus) et de géographie continentale (non littorale).
45Nous avons récolté ce taxon dans le même relevé que Silybum eburenum (voir relevé détaillé plus haut), au niveau de la localité d’El Mehir (Kabylie des Bibans), le 27 mars 2020 à 530 m d’altitude avec deux individus seulement sur une ripisylve à Tamarix africana Poir., coordonnées 4°22’23.67"E 36°07’41.35"N (Figure 9). La plante semblait parasiter la grande arroche (Atriplex halimus L.).
Figure 9 : Spécimen de Cistanche phelypaea (L.) Cout. sensu lato, relevé le 27 mars 2020 à El Mehir sur l’Oued Azrou (Photos Toumi, 2020).
46D’après Quézel & Santa (1962-1963), l’espèce (au sens large) est commune dans les terrains salés des plaines oranaises (O2), des Hauts Plateaux (H1-2), de l’Atlas Saharien (AS1-2-3), du Sahara septentrional (SS) et central (SC), mais ne la mentionne pas dans le Tell. Battandier (1890) est le seul à la mentionner dans les « Bibans » sans précision de localité. Ni Letourneux (1893), Debeaux, (1894) et Meddour (2010) ne la donnent pour la Kabylie du Djurdjura. Plusieurs observations récentes de notre part (K. Rebbas), en dehors de notre site d’étude mais à proximité immédiate, confirment la présence de l’espèce plus au sud, et encore une fois le col de Hammam Delaa comme un point de passage naturel vers la vallée aride des Portes de Fer (Bibans).
4. Menaces et enjeux de conservation
47La zone étudiée est soumise à des dégradations inquiétantes. En effet, les activités anthropiques sont nombreuses, tant d’origine rurale et traditionnelle, qu’urbaines et plus modernes. Il y a tout d’abord le pâturage qui conduit à un remplacement des espèces pérènnes de haute taille par des annuelles avec des formes de vie variées (Bullock et al., 2001).
48Cette activité a toujours existé dans la région, mais par manque d’études nous ne savons pas dans quelle mesure elle a cru ou décru depuis un siècle. Une autre menace qui pèse sur cette flore est le pompage intensif de l’eau par les riverains qui peut entrainer des modifications de la salinité du sol (Djamai, 2007) et conduire ainsi à la modification du cortège floristique (Megharbi et al., 2016). Là aussi nous manquons d’études ciblées mais l’apparition des pompes à moteur suggère une augmentation plus ou moins forte ces dernières décennies. Certains défrichements ont été constatés, pour des mises en culture au plus près des cours d’eau. Là aussi cette menace est ancienne et il ne nous est pas possible de quantitifier son évolution récente. D’autres menaces plus récentes et en forte augmentation ont été observées sur le terrain, comme les décharges sauvages et les effluents liquides (domestiques et industriels).
49Ces résultats devraient inciter à la mise en place de mesures conservatoires à l’échelle du bassin versant afin de sauver la flore de cet écosystème fragile d’une disparition. La conservation de cette flore passe obligatoirement par la protection des différents habitats que compte le site étudié en diminuant et/ou limitant l’action anthropique dévastatrice et protégeant ainsi notre patrimoine biologique régional.
50Ces découvertes confirment et renforcent l’intérêt patrimonial de l’Oued Sahel pour sa flore indigène. Sa position géographique entre le nord dominé par la chaine de montagnes du Djurdjura et son climat humide et la partie sud dominée par les steppes des Bibans et leur bioclimat aride en fait un carrefour biogéographique naturel à même d’enrichir les cortèges spécifiques par superposition d’influences. Cela nous encourage à une recherche encore plus méticuleuse qui pourrait avoir échappé aux investigations et à la mise en place d’une base de données cartographique des principaux enjeux identifiés.
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