Bulletin d'Analyse Phénoménologique https://popups.uliege.be/1782-2041 fr Introduction https://popups.uliege.be/1782-2041/index.php?id=1481 La discipline phénoménologique a fait de la « question » un enjeu important de ses analyses. Quelques études l’attestent : l’ouvrage de Günther Pöltner, Zu einer Phänomenologie des Fragens. Ein fragend-fraglicher Versuch1, ainsi que celui de Heinrich Rombach, Über Ursprung und Wesen der Frage2. Tout récemment, Joel Hubick a publié un ouvrage de portée systématique, centré sur trois grandes figures de la tradition phénoménologique : Husserl, Heidegger, Patočka3. À s’en tenir aux façons dont Husserl prête attention à la nature du doute et de la question dans les Analyses sur les synthèses passives4, ou à l’analyse que Heidegger, tout au début d’Être et temps5, consacre à la structure formelle de la question, on ne peut qu'être frappé par le lien fondamental du thème de la question à l’exercice de la phénoménologie. Il ne faut d’ailleurs pas passer sous silence la tradition anglo-saxonne, en particulier la tradition analytique : de Collingwood aux approches wittgensteiniennes, de Carnap à Jaakko Hintikka (Interrogative Model of Enquiry6), au livre Mortal Questions de Thomas Nagel7, la philosophie du vingtième siècle dans son ensemble a prêté une attention toujours plus croissante à la nature de la question8. La difficulté ici tient en ce que la question se laisse aborder phénoménologiquement à partir de plusieurs perspectives et ordres de problèmes : i) Tout d’abord, le statut de la question dans la théorie du jugement, dont on sait combien elle a pu jouer un rôle fondamental da Fri, 12 Apr 2024 00:00:00 +0200 https://popups.uliege.be/1782-2041/index.php?id=1481 Husserl interprète de Bolzano : le statut de la question dans la théorie phénoménologique du jugement https://popups.uliege.be/1782-2041/index.php?id=1483 Cet article présente les positions de Bolzano puis de Husserl sur le statut de la question dans leurs théories respectives du jugement, puis examine la critique explicitement adressée à Bolzano par Husserl dans les Recherches logiques. L’enjeu de l’article est i) de montrer l’importance de la psychologie pour décrire l’acte de la question compris comme désir ; ii) inscrire la question dans ses contextes d’énonciation spécifiques qui peuvent lui donner une signification judicative ; iii) indiquer le rôle crucial que la question joue dans l’invention husserlienne de la théorie du remplissement ainsi que dans l’invention de la phénoménologie en général. L’enjeu est de se demander ce qui apparaît lorsqu’on pose une question, dont nous montrons qu’elle limite l’horizon des possibilités de l’apparaître, et ainsi structure en le limitant le champ de l’apparaître. Fri, 12 Apr 2024 00:00:00 +0200 https://popups.uliege.be/1782-2041/index.php?id=1483 “My life and that of Plato are the same” (Hua XIV, 198). Husserl and the philosophical question https://popups.uliege.be/1782-2041/index.php?id=1486 The philosophical question has an existentially touching dimension but, at the same time, entails an experience that goes beyond the self. It involves the contemporary others that ask the same questions and those who lived before beset by similar doubts. This work explores this second aspect. It reflects on some methodological issues related to the kind of question we address when we look at the past. We will characterise some views on the ancient philosophical question often associated with first philosophy. Then, we will consider some contemporary views, and in this framework, we will dwell on Husserl's contributions related to the retrospective question, the institution of meaning, and the notion of Denkergemeinschaft. Fri, 12 Apr 2024 00:00:00 +0200 https://popups.uliege.be/1782-2041/index.php?id=1486 L’irréductibilité de la question et le destin ontologique de la phénoménologie (Husserl, Heidegger) https://popups.uliege.be/1782-2041/index.php?id=1492 Comment la phénoménologie peut-elle conférer au phénomène du questionnement une quelconque irréductibilité ? On sait que la thèse d’intentionnalité permet à Husserl de combattre le psychologisme et de prendre la mesure d’une conscience ouverte à la transcendance de l’objet et plus encore aux lois d’essences qui régissent universellement et nécessairement les différentes régions de l’apparaître. Mais cela suffit-il à rendre la conscience questionnante ? Si tel n’est pas le cas, et si la conscience intentionnelle est moins ouverte au « mystère » de la phénoménalité que prescriptive des normes sous lesquelles le donné apparaît, alors n’y a-t-il pas un risque de perdre le bénéfice du concept d’intentionnalité lui-même, en repliant la conscience dans un champ d’immanence contrôlé par une mécanique des opérations de la conscience ? C’est ce dont nous discutons dans un premier temps. Dans un second temps, nous aborderons l’ontologie de Heidegger dans Être et temps en montrant comment elle résout ce problème par la prise en compte de l’irréductibilité de la question de l’être, et concomitamment de l’ouverture à la question de l’être dans le Dasein, cet étant que nous sommes et qui a l’être en question. Enfin, nous interrogerons la pensée du second Heidegger afin de poser le problème de savoir comment maintenir ouverte l’irréductibilité de la question de l’être, alors même que cette question ontologique principielle semble, dans l’Histoire de l’être (Seynsgeschichte), de plus en plus recouverte par l’emprise du paradigme de la technique et de son intensification, plongeant notre monde contemporain, comme le dit Heidegger, dans une absence à peu près totale de questionnement. Fri, 12 Apr 2024 00:00:00 +0200 https://popups.uliege.be/1782-2041/index.php?id=1492 « Demande de sens » https://popups.uliege.be/1782-2041/index.php?id=1495 Le texte circonscrit la vénérable question du sens et de sa « demande ». Du point de vue de la tradition, elle se formule en une autre : à quoi sert la philosophie ? D’une part, nous nous mouvons toujours par avance dans cette question du sens car le mot s’entend de multiples façons. D’autres part, cette pluralité emporte le questionnement de la philosophie elle-même, comme exercice sensé du sens, pratique orientée de l’argumentation, de la déduction, du syllogisme etc. Cette situation détermine la demande de philosophie : demande « sociale » d’abord, la doxa appelant l’epistémè philosophique ; demande « disciplinaire » ensuite, plus strictement ontologique. Fri, 12 Apr 2024 00:00:00 +0200 https://popups.uliege.be/1782-2041/index.php?id=1495 Suis-je la réponse à une question ? Réflexions à partir de Levinas https://popups.uliege.be/1782-2041/index.php?id=1501 Cette contribution analyse le refus levinassien de décrire la relation avec autrui à travers le paradigme de la question. Bien que le moi se constitue comme réponse adressée à autrui, cette réponse n’est pas la réponse à une question : c’est au contraire une réponse qui précède tout questionnement. Nous montrons d’abord que, dans l’œuvre de Levinas, c’est l’appel qui suscite la réponse, et que cet appel se distingue entièrement d’une question. Non seulement parce que la question se situe sur le plan du savoir et demande un contenu comme réponse, mais aussi parce que la question s’adresse à un être libre, qui peut décider de sa réponse. L’appel décrit par Levinas, qui ne peut être entendu que dans la réponse déjà donnée, se distingue ainsi de l’appel heideggérien ou de l’interpellation décrite par Althusser, et ne saurait être compris comme une forme de question. Nous montrons ensuite que la question, qui présuppose la relation avec l’autre, renvoie néanmoins à cette relation éthique dans la mesure où elle montre une insatisfaction, une insuffisance de la réponse, du savoir, de la solitude du moi, une recherche de sens que seule la responsabilité pour l’autre peut apaiser. Fri, 12 Apr 2024 00:00:00 +0200 https://popups.uliege.be/1782-2041/index.php?id=1501 En deçà de l’appartenance. Reposer la question du corps https://popups.uliege.be/1782-2041/index.php?id=1505 La question, en phénoménologie, a-t-elle le pouvoir de faire apparaître ce qu’elle questionne, ou ne risque-t-elle pas au contraire de dissoudre son objet dans le cadre ontologique in-interrogé dont elle hérite ? Renaud Barbaras, dans L’appartenance, met en question la question phénoménologique du corps : le corps est moins en question pour la phénoménologie, qu’il n’est une réponse à une question implicite, héritant d’un cadre ontologique dualiste qui le nie. D’où la nécessité de reposer la question du corps de manière inédite. Selon l’inversion proposée, il faut cesser de penser le corps comme réponse à la question implicite de l’appartenance, pour penser l’appartenance comme réponse à la question du corps — une réponse qui annule les termes mêmes de la question. Or, cette disparition du corps dans l’appartenance n’est-elle pas elle-même commandée par un cadre ontologique in-interrogé ? Et comment reposer, dès lors, la question du corps ? Dans les deux cas, seul un questionnement critique, questionnant la question même, peut se faire le moteur de nouvelles descriptions phénoménologiques. Fri, 12 Apr 2024 00:00:00 +0200 https://popups.uliege.be/1782-2041/index.php?id=1505 Qu’est-ce que la « phénoménologie érotétique » ? La « question de toutes les questions » en phénoménologie https://popups.uliege.be/1782-2041/index.php?id=1508 Cette contribution traite de la « question » dans une perspective phénoménologique. L'objectif fondamental est de montrer qu'en dehors du « principe de tous les principes », la phénoménologie soulève une « question de toutes les questions » qui croise des aspects méthodologiques et systématiques fondamentaux. À travers une analyse des traitements heideggérien, husserlien et richirien du statut de la question, qui revisitent le § 2 de Sein und Zeit, un extrait de la quatrième des Méditations cartésiennes de Husserl et les Méditations phénoménologiques de Richir, l’auteur pose les fondements d'une « phénoménologie érotétique ». Fri, 12 Apr 2024 00:00:00 +0200 https://popups.uliege.be/1782-2041/index.php?id=1508 Sur la phénoménologie et la dynamique des questions “fondamentales” https://popups.uliege.be/1782-2041/index.php?id=1511 En questionnant le fait de se montrer, de s’imposer, des questions fondamentales, cet essai s’engage à trouver une voie moyenne, si l’on veut alternative, aux deux grand paradigmes fondateurs de l’analytical-continental divide, qui ressortent historiquement de la critique carpienne à “Was ist Metaphysik?” de Martin Heidegger, formulée de façon claire dans “Überwindung der Metaphysik durch logische Analyse der Sprache”. Si dans cet essai, tout comme dans “Empiricism, Semantics and Ontology” il en va de questions — et notamment de la distinction, fondamentale, entre questions internes (légitimes) et questions externes (illégitimes) à un cadre (framework) — la pensée heideggérienne s’est aussi construite sur un intérêt constant pour les “questions fondamentales” en prenant une position diamétralement opposée. On essayera de montrer comment, contrairement à ce que l’on pourrait croire, les deux paradigmes de l’analytical-continental divide partagent — justement en relation au questionner qui devrait orienter l’activité philosophique — beaucoup plus et notamment la méconnaissance de la plasticité et de la dynamique — spéculative et historique — des « questions fondamentales » comme formes plurielles de manifestation de la demande de sens. En maintenant phénoménologiquement les questions fondamentales dans leur pluralité et en les regardant du point de vue de leur dynamique intrinsèque, on pourra définir un horizon à l’intérieur duquel penser un projet de rationalité (Rationalitätsentwurf) alternatif à ceux ressortissants du paradigme analytique d’un côté et continental-herméneutique de l’autre. Fri, 12 Apr 2024 00:00:00 +0200 https://popups.uliege.be/1782-2041/index.php?id=1511 Husserls Positivismus. Eine Darstellung und Verteidigung https://popups.uliege.be/1782-2041/index.php?id=1461 Reality can be regarded either as the intelligible (the correlate of thought) or as the sensuous (the correlate of experience), as remarked by Plato and Hegel, and it is necessarily posited as objectively existing and ascertainable, namely as a positive. Hence, one can hold either a positivism of the sensuous, like Husserl, or a positivism of the intelligible, like the German idealists. According to the former, the real is the sensuous given and has eidetic structures independent of thought, therefore logical thought-forms have no real meaning, proper ontology is the eidetic description of the given as such, and world-constitution has an irrational ground. According to the latter, instead, the real is the thought and has a logical structure, whereas the sensuous given is an illusion. Unlike Husserl’s, however, the idealists’ positivism cannot account for world-constitution, because it downplays the constitutive function of the sensuous given and its structures, which cannot be really modified by thought. Thu, 07 Sep 2023 00:00:00 +0200 https://popups.uliege.be/1782-2041/index.php?id=1461