Lejeunia, Revue de Botanique

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J. BEAUJEAN

QUELQUES PAGES DE LA BOTANIQUE AU PAYS DE LIÈGE AUX 18e ET 19e SIÈCLES (suite 2)
En hommage à Marcel Florkin († 1979) et à André Lawalrée († 2005)

(N° 187 (décembre 2009))
Article
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Résumé

Résumé

Ce fascicule réunit des notices biographiques concernant quatre personnages liés, de façon occasionnelle, temporaire ou anecdotique, à l’histoire de la botanique au Pays de Liège, durant les 18e et 19e siècles. Ils ont en commun une originalité certaine dans leurs activités concernant les plantes et leurs usages à l’époque et ils n’avaient jusqu’ici fait l’objet que de notices fort partielles, voire erronées sur certains points.

La première contribution concerne Jean-Nicolas Demeste (1719-1796) et son fils Jean (1748-1783). Jean-Nicolas fut entre autres le promoteur de la création à Liège d’un jardin botanique étroitement lié à l’usage médicinal des plantes. Son fils eut l’occasion de correspondre avec C. Linné et constitua un herbier de la région de Rome, dont il ne subsiste malheureusement qu’une centaine d’échantillons (LG).

La deuxième notice a trait à André Rozin (vers 1752-1829), né en Poméranie suédoise et érudit parlant 7 langues; il publia un « Herbier portatif », curiosité bibliographique de « plantes qui se trouvent dans les environs de Liége », dont seul le premier fascicule parut, en 1791. Il contient la description d’une « nouvelle espèce », Adoxa leodicea, qui est lectotypifiée ici, bien qu’il s’agisse d’une « variation sans importance ». Rozin joua aussi un rôle important dans l’édition, de 1794 à 1803, d’un périodique aussi mégalomane que méconnu, « L’Esprit des Journaux, françois et étrangers », dont la collection est composée de 487 volumes !

La troisième contribution porte enfin sur l’abbé Gilles Joseph Ramoux (1750-1826), qui fut un promoteur actif et original de l’ « industrie de la paille » (fabrication des chapeaux de paille) et a laissé le souvenir d’un homme d’une remarquable culture botanique.

Abstract

Summary

This fascicle contains biographical notices about four personalities linked at least occasionally to the history of botany in the Liège region during the 18th and 19th centuries. They have in common a definite originality in their activities linked to plants and their use and until now had only been the object of summary notices, eventually erroneous on some points.

The first contribution deals with Jean-Nicolas Demeste (1719-1796) and his son Jean (1748-1783). Jean-Nicolas was promoter of the creation in Liège of a botanical garden intimately linked to the medicinal use of plants. His son had the opportunity to correspond with Linnaeus and built up a herbarium of the surroundings of Rome, of which unfortunately only about a hundred sheets remain (LG).

The second notice deals with André Rozin (about 1752-1829), born in Swedish Pomerania and scholar speaking 7 languages. He published a "Herbier portatif", bibliographical curiosity of plants found in the surroundings of Liège", of which the only fascicle appeared (1791).  It holds the description of a new species, Adoxa leodicea, which is lectotypified here, even if it is considered an unsignificant variation. Rozin also played an important role in the editing, from 1794 to 1803, of a periodical, megalomaniac but unrecognized, "L'Esprit des Journaux, françois et étrangers", a collection of 487 volumes!

The third contribution deals with the reverend Gilles Joseph Ramoux (1750-1826), who was an active and original promoter of the "industrie de la paille" (fabrication of straw hats) and was remembered as a man of a remarkable botanical culture.

Abstracto


III. L’ABBÉ GILLES JOSEPH RAMOUX, PÈRE DE L’ « INDUSTRIE DE LA PAILLE » ET BOTANISTE MÉCONNU

1 Les nombreuses biographies consacrées à l’abbé Ramoux le signalent, entre autres activités, comme botaniste. Des documents manuscrits découverts, presque par hasard, dans le Fonds Français aux Archives de l’Etat à Liège, nous permettent de confirmer et expliciter cet aspect peu connu de sa vie.

2Ramoux Gilles Joseph Evrard. Liège 21/1/1750 - Glons 8/1/1826.

3Prêtre. Littérateur et musicien. Botaniste amateur. Membre fondateur de la Société libre d’Emulation (1779), membre de la Société des Sciences physiques et médicales de Liège.

4 Après d’excellentes études au Collège des Jésuites (dès 1761) et au séminaire de Liège, il fut ordonné prêtre par le prince-évêque Velbruck. Ce dernier établit à Liège un Grand Collège et appela Ramoux aux fonctions de principal et de professeur de rhétorique, où il s’attacha à former des élèves instruits. Il remplit ces fonctions durant onze années.

5Début 1779, quelques citoyens formèrent le projet de fonder à Liège une société d’Émulation, pour cultiver en commun les sciences, les lettres et les arts. Une réunion préparatoire se tint le 22 avril 1779, chez Ramoux, et on y élabora un projet de règlement ; le 2 juin suivant, sous la présidence du prince Velbruck, était solennellement inaugurée la Société libre d’Émulation de Liége. Ramoux fut nommé administrateur et bibliothécaire de la nouvelle société, charges qu’il conserva jusqu’en 1784, année de la mort de Velbruck et année où « la cure de Glons lui fut offerte avec des insistances si honorables qu’il ne put la refuser ». On peut donc supposer que la « promotion » de Ramoux  à Glons fut une disgrâce mal déguisée, l’abbé n’ayant pas l’heur de plaire au nouvel  évêque.

6 Dès son installation dans ces fonctions, en mars 1784, il déploya une activité peu commune. Non content de donner les secours spirituels à ses paroissiens, il tourna ses regards vers la salubrité publique et l’industrie locale. Il montra notamment aux habitants de Glons et des villages voisins, les avantages qu’ils pourraient retirer d’une fabrication plus soignée des tresses destinées à la confection des chapeaux de paille (Fig. 6).

7FIG. 6. – Tresses de paille d’épeautre à chapeaux fabriquées par Mr Henri Jonas de Glons (Coll. musée de botanique ULg).

8 Si cette industrie existait bien avant l’arrivée de Ramoux à Glons (dès le 15ème siècle, selon MORREN, 1874, p. 56), la technique en était très rudimentaire et Ramoux s’y intéressa ; il apprit à tresser, il étudia le métier et lorsqu’il le connut parfaitement il se rendit de foyer en foyer pour apprendre le tressage aux femmes et aux enfants. Voyant ce travail effectué avec des outils peu adaptés, Ramoux conçut un outil nouveau destiné à fendre la paille, nommé simplement « ustèye » [petit cylindre en bois contenant des lames disposées en rayons autour d’une pointe métallique]. Ce jour là, Ramoux fit faire à « l’industrie de la paille » un pas de géant ; avec les pailles fendues en 3, en 5 ou en 8, on fit des tresses d’une grande finesse, on varia les genres et les dessins à l’infini. Cet outil fut ensuite perfectionné par un ancien soldat des armées de Napoléon, Louis Demarseille (1772-1855) qui, marié à Ida Fréson, s’était fixé à Glons où il fit le commerce des «ustèyes» réalisées en fer. Pour être complet, notons que l’abbé Ramoux fut admirablement secondé, dans ses efforts pour le développement de l’industrie de la paille, par l’instituteur et secrétaire communal de Glons, Mathieu-Guillaume Delvenne (Liège 1/8/1778 - Glons 19/5/1843), auteur en 1828 de la Biographie du Royaume des Pays-Bas.

9 D'une notice de MORREN (1874), nous retiendrons quelques renseignements complémentaires concernant cette industrie aujourd’hui disparue : « Le sol de la vallée du Geer, ainsi que celui des plateaux qui l’environnent, est calcareux ou crétacé, ce qui naturellement influe sur la nature végétale et donne à certaines plantes des propriétés particulières. L’épeautre et le froment sont de ce nombre ; ils y sont plus forts, plus souples et plus blancs qu’ailleurs, et ce sont ces qualités qui ont donné l’idée de les tresser. […] Prenons maintenant le fétu de paille destiné à être travaillé et suivons-le depuis sa tige aux champs, dans les diverses opérations qu’il va subir, jusqu’à ce qu’il ait atteint sa destinations. Nous l’avons déjà dit : c’est le froment et l’épeautre, mais celui-ci surtout, qui sont les seules graminées employées dans la confection des tresses. On n’attend pas l’époque de la maturité du grain pour en faucher les tiges, parce qu’alors celles-ci auraient acquis trop de consistance ; au lieu d’être souples, elles seraient cassantes. Après un séjour plus ou moins long aux champs où on les laisse sécher, on en détache les épis, ensuite on les déchausse, c’est-à-dire on tire la paille de son enveloppe ; opération qui demande de l’adresse et du discernement, car il s’agit de réserver les pailles propres à la tresse et de mettre les autres au rebut. Ce choix fait, on ne prend de chaque tige que la partie comprise entre les deux premiers nœuds, on les réunit en bottes, puis elles sont coupées en bouts de quinze à dix-sept centimètres dont on forme de petits paquets. Ces paquets sont placés dans une espèce de coffre appelé soufroir, hermétiquement fermé, et sous lequel se trouve un petit foyer, saupoudré de soufre, dont la fumée donne à la paille plus de souplesse et de blancheur. Chaque fétu [stou] est ensuite introduit dans un petit instrument en fer [ustèye] qui le divise en un nombre plus ou moins grand de parties, suivant le degré de finesse qu’on veut donner aux tresses. Ces brins sont réunis de nouveau en petits paquets que l’on mouille, que l’on passe ensuite dans une espèce de laminoir ou cylindre en bois nommé moulin [molin ås stous], puis le tressage commence par les mains des femmes, des enfants, et des vieillards. […] Maintenant que nous avons fini avec la question du tressage, parlons de la fabrication. Cette fabrication a lieu dans le pays même et à l’étranger, mais ce qui se fabrique dans le pays est peu de chose comparativement à ce qui se fait au dehors. La plupart des fabricants ont des maisons dans les principales villes de l’Europe ; c’est là que les tresses sont exportées, cousues et façonnées suivant la mode du jour, par des ouvriers amenés des lieux où elles se fabriquent ; car, si le tressage se fait ordinairement par la main de la femme, l’homme seul intervient dans la confection du chapeau. En effet, chaque année, dès l’automne déjà, au plus tard au printemps, les villages de la vallée du Geer et des environs voient leur population mâle émigrer en masse. Les uns vont à Rotterdam ou à Amsterdam, comme ceux de Roclenge et Bassenge, d’autres à Paris ou à Francfort, comme ceux de Glons et de Wonck, d’autres au Hâvre, et même à Lyon et Bordeaux où émigrent principalement les ouvriers de Hermée. […] Disons, pour terminer, que cette industrie s’est développée en dehors de toute protection gouvernementale et de tous les moyens de publicité employés de nos jours. Elle a grandi insensiblement, mais ses progrès ont été surtout rapides depuis le commencement de ce siècle, sous l’influence des conseils éclairés d’un savant ecclésiastique, M. Ramoux, curé de Glons et grâce à quelques hommes dont on ne peut trop admirer l’intelligence et l’esprit d’initiative, puisqu’ils sont parvenus, par leurs seuls efforts, en agissant à leurs risques et périls, à répandre leurs produits dans les principales villes des deux mondes, où ils sont généralement préférés à tous ceux du même genre, et où ils font certainement honneur au génie industriel de la Belgique. ».

10 De nombreux représentants des familles de la vallée du Geer créèrent non seulement une industrie prospère et réputée du travail de la paille en chapellerie mais encore, fondèrent des établissements de commerce prospères non seulement dans l’Europe entière mais aussi jusqu’en Amérique.

11 Revenons un instant en 1790 ; si c’est à tort qu’on lui en attribue la musique, c’est pourtant à l’abbé Ramoux que l’on doit les deux premiers couplets et le refrain du chant si cher au cœur des liégeois, le « Valeureux Liégeois ».

12 L’abbé Ramoux, dans ses rares moments de loisir, était aussi botaniste, même si, à notre connaissance, il n’a pas constitué d’herbiers, ni rien publié sur la question.

13Cependant, en date du 6 prairial an 10 [= 26 mai 1802], le Citoyen Ramoux, membre du Conseil de d’agriculture, commerce et arts (section agriculture) lisait, lors de la première assemblée :

14«Observations lues dans la première assemblée du Conseil d’agriculture, Commerce et Arts….. Liége. 6 prairial an 10 [= 26 mai 1802].

15        Citoÿens président et collègues.

16   Sous le rapport de la section où je m’honore d’être inscrit, je consignerai ici le dessin de voir former, dans Liége, un jardin public des plantes : lequel, d’après un système convenu, offriroit autant que possible, les espèces indigènes ou exotiques, les moins communes mais le plus souvent emploïées dans la médecine humaine et vétérinaire, ainsi que dans la teinture et autres manipulations des arts.

17   L’utilité, disons mieux, la nécessité d’un pareil établissement est trop démontrée pour que j’étende, là-dessus, mes réflexions.

18   Sans toucher à d’autres égards ; que d’erreurs, que d’abus, que de méprises dans les pharmacies ! faute des notions botaniques, indispensables pour l’exercice d’un état où l’ineptie compromet si fréquemment, si dangereusement, la santé et la vie des personnes forcées d’ÿ recourir.

19   D’ailleurs, les moÿens que la médecine tire des végétaux, sont, bien plus que ceux des deux autres règnes, soumis à des nomenclatures tellement variées ou équivoques, qu’à moins d’une exacte démonstration sur les objets mêmes, on ne peut guère être assuré de la fidèle exécution des apprêts indiqués dans les dispensaires, ou casuellement prescrits dans les recettes.

20   Seroit-ce s’éloigner du but de ce Conseil, que de réunir nos sollicitations, à l’effet d’obtenir un moÿen essentiel d’instruction, qui se trouve dans toutes les grandes villes et qui manque à la nôtre.

21   Cette privation réclame d’autant plus l’intérêt de notre zèle, que nous sommes éloignés des lieux qui pourroient ÿ suppléer pour les habitants de ce département : et vu le bien qui en résulteroit, la dépense à faire pour cet objet, doit être comptée pour peu de choses : elle seroit même bientôt  refournie par le nombre d’amateurs studieux que le cours de ces attraïantes démonstrations ÿ ameneroit ou, du-moins, empêcheroit de la transporter à d’autres écoles pourvues en ce genre.

22   Dans le sein de cette capitale, à proximité favorable de la Meuse, il existe plusieurs enclos spacieux, frais, aérés, qui conviendroient à cet usage, et qui, jusqu’à présent, n’en ont pas encore de déterminé.

23   Quant aux leçons relatives, nous avons l’avantage de posséder un homme, le Citoÿen Pitou, professeur  assurément bien fait pour inspirer la confiance et pour s’en acquitter avec honneur.  

24   Comme l’arrangement de ces sortes de jardins exige une disposition particulière du terrain pour les couches, les serres et les ados, il seroit expédient que les préparatifs en fussent achevés pour le courant de vendémiaire [= septembre-octobre] : temps vers lequel on peut, avec sûreté, entreprendre les semis et plantations.

25   Conséquemment aux vues que je me suis permis d’énoncer, je demande, sous l’avis de l’assemblée, qu’il soit fait une adresse au Citoÿen préfet de l'Ourte, avec instante réquisition d’en apprécier les motifs. L’adhésion présumée du Conseil-général, actuellement en séance, ne pourroit qu’en hâter le succès.

26[Signé] J. Ramoux, Curé de Glons, de la section d’agriculture. 

27 Le 9 prairial an 10 [= 29 mai 1802], le secrétaire du conseil, P. J. Henkart (1761-1815) transmettait, en insistant sur la « formation d'un jardin botanique dans la ville de Liége », au préfet Antoine Desmousseaux, la note lue par Ramoux. Cette demande ne semble toutefois pas avoir été suivie d’effet, puisqu’il faudra attendre la création de l’ULg, en 1817, pour que Liège fut dotée d’un jardin botanique digne de ce nom (mais dont il ne reste pas trace aujourd’hui) !

28 Nous savions déjà (BEAUJEAN, 2008 a et b) que l’abbé Ramoux avait des connaissances en botanique (noms wallons des plantes), que le préfet A. Desmousseaux avait fait appel à  A. L. S. Lejeune et à Pierre-Etienne Dossin, mais nous ignorions la demande exacte qu’il avait adressée à Ramoux. C’est fortuitement que nous avons trouvé, aux Archives de l’Etat à Liège (Fonds français – préfecture n° 660), la lettre dont nous donnons ici la retranscription :

29Glons, le 12 février 1806.

30A Monsieur le préfet du département de l’Ourte, membre de la Légion d’honneur etc.

31Monsieur le préfet,

32   Tout flatté que je puisse être de la confiance dont vous m’honorez par rapport au tableau du règne végétal de notre sol, il m’est pénible de ne la devoir qu’à l’idée trop avantageuse que vous aurez bien voulu former de mes faibles notions en ce genre.

33   Au défaut de l’acquis nécessaire pour un pareil travail, je me permets de nommer ici, comme éminemment à-même de s’en occuper, le sieur Etienne Dossin de Liége, Botaniste également profond et modeste.

34   L’habitude familière qu’il a des divers Sÿstèmes ; son zèle infatigable dans la recherche de nos productions indigènes sur les points quelconques du département ; la bonne foi rigoureuse dans l’examen comparatif ainsi-que dans la vérification locale : ces moÿens et d’autres, qu’il réunit à un degré rare, lui assurent une supériorité qui ne laisseroit rien à désirer d’ailleurs.

35   Vous trouverez, Monsieur, que j’ai trop tardé à répondre sur le gracieux appel qui m’est parvenu dans le courant du mois dernier ; mais préalablement, j’aimois d’avoir une entrevue avec le sieur Dossin, et, jusqu’ici je n’ai pu en saisir l’occasion, aÿant été depuis lors, constamment empêché de me rendre en ville.

36   Au reste, si cet estimable concitoÿen prend à soi la rédaction du tableau demandé, je me ferai un plaisir comme un devoir de lui soumettre, en vue de vos ordres, le peu d’observations que m’a fait naître le hasard des trouvailles dans le vallon que j’habite.

37   Daignez, Monsieur, recevoir les hommages de mon respect ainsi que l’assurance de mon dévouement.

38[Signé] J. Ramoux, Curé à Glons.

39 En janvier 1807, Pierre-Etienne Dossin lui dédie une version étendue de son Catalogue des plantes qui croissent spontanément dans le département de l’Ourte et dans quelques endroits circonvoisins. par p. e. Dossin, membre de la Société libre des sciences physiques et médicales de liége (Mn ULg n°560) [rappelons que ce Catalogue, annoté, a été publié par la suite par Durand (1875)].

40« Veneratissimo domino josepho Ramoux, parochiae glons ad jecoram pastori dilecto, scientiae botanicae litterarumquè cultori eximio, necnon societatis scientiarum  physic atquè medical : leodiensis membro, ob amicitiam benevolentiamquè.  [Signé] petrus stephanus dossin ».

41A notre demande, feu l’abbé Joseph Mathys, ancien curé de Bellaire († 2003), avait bien voulu nous en faire, en 1996, la traduction suivante : Au très vénérable Joseph Ramoux, à l’aimable pasteur de la paroisse de Glons, d’une culture remarquable en science botanique et littéraire, ainsi qu’au membre de la société des sciences physiques et médicales de Liège. Par amitié et bienveillance. [Signé] Pierre Etienne Dossin.

42 D’une lettre adressée par Dossin à A. P. De Candolle, en date du 22 octobre 1810, nous retiendrons la phrase :

43« Mr le Curé Ramoux a bien voulu se charger de donner la liste des noms wallons des plantes ».

44Malheureusement, cette liste n’a pas été retrouvée dans la collection des manuscrits du Conservatoire botanique de Genève (BEAUJEAN 2008b, p. 68).

45Son nom est immortalisé sur des plaques de noms de rues : rue Ramoux (en 1907!) à Liège, dans le quartier du Bas-Laveu et rue Curé Ramoux à Glons.

46 Lieu de sépulture : cimetière de Glons, autour de l’ancienne église. Selon OLYFF (1930, p. 44) « Glons, dont il fut le bienfaiteur cependant, le laissa enterré dans l’oubli, sous la gouttière de la sacristie». Plus tard, son corps fut exhumé pour lui donner une sépulture plus décente, mais de nos jours, on ignore l’endroit où se trouvait la tombe. Toutefois, une plaque commémorative est scellée dans le mur de l’église, portant les inscriptions suivantes, sous une lyre entourée de deux palmes : A la mémoire de Gilles Joseph Evrard Ramoux. Littérateur, botaniste et musicien – Fondateur de la Société Libre d’Emulation – Principal au Grand Collège de Liège – Bon Curé de Glons de 1783 à 1826 – Propagateur des industries de la paille tressée et cousue –  Législateur des Bords du Geer – Poète et chansonnier wallon français et latin. Né à Liège en janvier 1750. Mort à Glons le 8 janvier 1826.

Personnes citées dans le texte

47Demarseille Louis. Wambez, arr. de Beauvais, dépt. de l’Oise, France 15/2/1772 - Glons 8/4/1855.

48Il perfectionna et fit le commerce des « ustèyes » réalisées en fer.

49Henkart Pierre-Joseph. Liège 13/2/1761 - Liège 9/9/1815.

50Poète, publiciste, homme politique, magistrat et archiviste. Membre fondateur de la Société libre d’Émulation de Liège.

BIBLIOGRAPHIE

51ANCIAUX M., 1900. – L’industrie du tressage de la paille dans la vallée du Geer. Bruxelles, Office de publicité, J. Lebègue et Cie, 82 p.

52BEAUJEAN J., 1999. – Sur la piste des anciennes gloires de la botanique et de l’horticulture à  Liège. Visite du cimetière de Robermont. Natura Mosana 52 : 81- 166.

53BEAUJEAN J., 2008 a. – Il y a 150 ans disparaissait le « Père de la botanique belge », A. L. S. Lejeune : sa vie, son œuvre, sa famille. Natura Mosana 61 : 79-107.

54BEAUJEAN J., 2008 b. – Le « Voyage de Liége » de A. P. De Candolle, 2 juin - 2 octobre 1810. Lejeunia, NS 184, 116 p.

55CAPITAINE U., 1854. – Le chant national liégeois. Bull. Inst. Archéol. Liégeois II : 110-118.

56CLOSE F. & N., 1996. –  L’Europe de la paille. Catalogue de l’Exposition Internationale à Bassenge, du 26/10 au 3/11/1996. Bassenge, édit. Bonne Nouvelle, 53 p.

57COLSON L., 1913. – La fleur de Wallonie. Essai de documentation. Grands hommes, apôtres, artistes, évènements historiques, etc. [2ème  éd.]. Liège, J. Olivier, 407 p.

58COLSON O., 1896. – A propos des chansons. Valeureux liégeois. Wallonia IV : 69-73.

59COPPE P. & PIRSOUL L., sd. [1951]. – Dictionnaire bio-bibliographique des Littérateurs d’expression wallonne. Gembloux, Impr. J. Duculot, 415 p. [cf. p. 332].

60DE BECDELIÈVRE A.G., 1836-37. – Biographie liégeoise ou Précis historique et chronologique de toutes les personnes qui se sont rendues célèbres… Liège, Jeunehomme, 2 vol., VI + 503 + 864 p. [cf. II : 695-698].

61DEFRECHEUX Ch., DEFRECHEUX J. & GOTHIER Ch., 1895. – Ramoux Gilles-Joseph-Evrard. Anthologie des Poètes Wallons. Liège, L. & Ch. Gothier, Impr.-Edit., p. 241-244.

62DEFRECHEUX J., 1905. – Ramoux (Gilles-Joseph-Evrard). Biogr. Nat.  XVII : 635-646.

63DELAIRESSE Y., ELSDORF M. & coll., 2009. – Le nouveau livre des rues de Liège. Grivegnée, Noir Dessin  Production , 512 p. [cf. p. 357].

64DELVAUX dE FOURON H., 1845. – Dictionnaire biographique de la province de Liége. Liége, F. Oudart, 147 p. [cf. p.103].

65DELVENNE M., 1829. – Ramoux (Gilles-Joseph-Evrard).  In Biographie du royaume des Pays-Bas, ancienne et moderne, ou histoire abrégée, par ordre alphabétique, de la vie publique et privée des belges et des hollandais qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus, ou leurs crimes, extraite d’un grand nombre d’auteurs anciens et modernes, et augmentée de beaucoup d’articles qui ne se trouvent rapportés dans aucune biographie. II. Liége, J. Desoer, 612 p. [cf. p. 276-278].

66DESOER J. F., 1826. –  Nécrologie. Annonce du décès de J. Ramoux. In Journal de la Province de Liége.  Mercredi 11 janvier 1826, p. 3.

67DRESSE DE LÉBIOLES E., s. d. [1933]. –  Quelques notes historiques sur la Société d’Émulation sous l’Ancien régime. 1779~1789. Liége, Maison Desoer, 67 p.

68DURAND T., 1875. – Reliquiae Dossinianae, ou catalogue des plantes observées dans la province de Liège par P.- E. Dossin. Bull. Soc. roy. Bot. Belg. XIV : 49-86.

69FLORKIN M., 1957. – Un prince, deux préfets. Le mouvement scientifique et médico-social au Pays de Liège sous le règne du despotisme éclairé (1771-1830). Liège, Vaillant-Carmanne, 308 p., nombr. fig. et photos.

70FRENAY H., FRÉSON M. & HAUST J., 1922. – Le tressage de la Paille dans la Vallée du Geer. Arch. Wallonnes 1, v-vii  + 1-54 p.

71GILISSEN P., 2007. – Jean-Jacques Tutot, imprimeur, libraire et éditeur au Pays de Liège à la fin du XVIIIe siècle. Bull. Inst. Arch. Liégeois CXIII: 133-200.

72GOBERT T., 1924-1929. – Liège à travers les âges. Les rues de Liège. [Nouvelle édition, 1975-1978, du texte original], 11 vol., Bruxelles, Culture et civilisation, pagination multiple [cf. en particulier vol. 10 :16-21, 1977].

73HAUST J., 1933. – Dictionnaire liégeois. Liège, (2me partie) H. Vaillant-Carmanne, 736 p. (reproduction anastatique de l’édition originale, 1974).

74MARCHAL G. & VERTCOUR J., 1891. – Glossaire technologique du chapelier en paille. Bull. Soc. Liégeoise Litt. Wallonne XVI, 2ème série, : 221-244.

75MORREN E., 1874. –  Notice sur l’industrie de la paille du pays de Glons. La Belgique Horticole XXIV : 56-59.

76OLYFF F., 1930. –  Histoire des industries de la paille en Belgique. 1904-1930. Hasselt, Impr. du Limbourg, 160 p. [cf. p. 41-46, Le bon curé Ramoux].

77PAQUAY J., 1910. – A propos de Ramoux. Leodium IX ; 122-124.

78PAVARD C., 1905. – Ramoux (Gilles). In Biographie. des Liégeois illustres. Bruxelles, p. 320-325.

79QUETELET A., 1864. – Histoire des sciences mathématiques et physiques chez les belges. Bruxelles, Hayez, 479 p. [cf. p. 310, P.-J. Henkart].

80THOMASSIN L.F., 1808. – Mémoire statistique du département de l’Ourte. [publié à titre posthume par le Gouverneur de la province de Liège, Ch. de Luesemans, en 1879]. Liége, Grandmont-Donders, V + 488 p. [cf. p. 461].

Manuscrits

81DOSSIN E., 1806. – Catalogue des plantes qui croissent spontanément aux environs de Liége et qui ont été découvertes par p.e. Dossin, conforme à l’exemplaire qui fut remis par l’auteur au préfet du département de l’Ourte le 15 janvier 1807. [exemplaire dédicacé : « à Mr B.C. Dumortier. Gage d’estime de la part de l’auteur »]. 64 p. Mn. ULg n° 2631.

82DOSSIN E., 1807. – Catalogue des plantes qui croissent spontanément dans le département de l’Ourte et dans quelques endroits circonvoisins, par p.e. Dossin, membre de la Société libre des sciences physiques et médicales de liége. Janvier 1807 [exemplaire dédicacé à J. Ramoux, curé de Glons], 135 p. [Mn. ULg n° 560].

83DOSSIN P. E., 1810. – Lettre à  A. P. De Candolle, datée du 22/10/1810. G, Correspondance botanique de  A. P. DC.

84RAMOUX J., 1802. – Lettre du 6 prairial an 10. Mn. AELg, Fonds Français, préfecture n° 456 (2).

85RAMOUX J., 1806. – Lettre du 12 février 1806. Mn. AELg, Fonds Français, préfecture n° 660.

REMERCIEMENTS

86 Il nous est agréable de remercier ici les personnes qui, par leur concours à des degrés divers, ont rendu possible la réalisation de ces notices : M. Jacques Lambinon, professeur honoraire de botanique à l’Université de Liège, qui nous a encouragé à poursuivre nos recherches, a relu, annoté et corrigé notre manuscrit; Mme Clémence Lambinon-Adam, pour la mise au format des figures illustrant notre texte; Mme Carmélia Opsomer, ancienne responsable du service des manuscrits à l’ULg, actuellement maître de conférences au département des sciences historiques / histoire du livre et des bibliothèques ; M. Olivier Donneaux, son successeur au service des manuscrits (ULg); Mme Muriel Collart, attachée au département de langues et littératures romanes (ULg); Mrs Daniel Droixhe, chargé de cours (ULg); Pierre-Marie Gason, maître de conférences au département des sciences historiques /histoire du livre (ULg); Daniel Jozic, collaborateur scientifique au département des sciences historiques / histoire du livre (ULg); M. Hervé M. Burdet, Conservatoire et Jardin botaniques de la ville de Genève; M. Vincent Demoulin, professeur de botanique et président de la Société Botanique de Liège; M. Jean Mornard, historien, généalogiste et paléographe; M. François Beaujean, dont la riche bibliothèque nous est toujours ouverte; Mmes Andrée Delange et Rosa Gago pour la mise en page; M. Denis Diagre, docteur en histoire et assistant au Jardin botanique national de Belgique à Meise; Mme Régine Fabri et M. Filip Verloove, du Jardin botanique national de Belgique à Meise; M. Paul Bertholet, professeur détaché (retraité) aux Archives de l'Etat à Liège; Mme Claudine Schloss, bibliothécaire-dirigeante à la bibliothèque U. Capitaine à Liège; Mme Nicole Close et M. Freddy Close, conservateurs du musée d'Eben; M. Fabrice Muller, pour ses renseignements concernant les fortifications de Liège; Melle Anne-Françoise Lemaire, coordinatrice de la Société libre d'Émulation de Liège; les services de l’Etat civil des villes de Sarrebourg (acte de décès de Rozin) et de Châlons-en-Champagne (acte de décès de Landois); les membres du personnel des Archives de l’État à Liège.

Pour citer cet article

J. BEAUJEAN, «QUELQUES PAGES DE LA BOTANIQUE AU PAYS DE LIÈGE AUX 18e ET 19e SIÈCLES (suite 2)», Lejeunia, Revue de Botanique [En ligne], N° 187 (décembre 2009), URL : https://popups.uliege.be/0457-4184/index.php?id=737.

A propos de :  J. BEAUJEAN

Institut de Botanique, B. 22, Université de Liège, Sart Tilman, B-4000 Liège ; adresse actuelle : rue de Clécy, 67, B-4610 Beyne-Heusay (Queue-du-Bois), Belgique. E-mail : beaujeanjoseph@yahoo.fr